Les plaintes déposées contre Gérard Depardieu et les accusations de Judith Godrèche contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon ont (re) mis les affaires de violences sexuelles dans le milieu du cinéma au cœur de l’actualité. L’entreprise de sondages OpinionWay a donc interrogé un échantillon de nos compatriotes sur la question et leurs réponses, publiées dans l’étude « Les Français et les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma », sont éloquentes, selon La Tribune.

Au rayon des « bonnes » nouvelles, signalons d’abord qu’une majorité – 61 % – de Français serait féministe, si l’on en croit les déclarations de l’échantillon de « 1057 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus » (dixit OpinionWay). Et c’est presque kif-kif du côté des femmes (65 %) et de celui des hommes (57 %), remarque La Tribune.

Une orientation qui explique que 60 % des sondés disent « ne plus tolérer les comportements machistes dégradants » et approuvent « que des gestes déplacés donnent lieu à des accusations ou à des plaintes ».

Le milieu du cinéma est évidemment évoqué, et les Français s’y montrent encore plus sévères, jugeant par exemple que la prochaine Cérémonie des César ne devrait pas voir remettre un prix à un film « dont l’un des acteurs ou le réalisateur est accusé de sexisme (50 %), agression sexuelle (49 %) ou viol (51 %) ».

Plus troublant, 67 % des sondés considèrent comme un « progrès » le fait qu’une personnalité condamnée ne puisse retrouver son métier après avoir purgé sa peine, ou que « des gestes déplacés ou dragues lourdes dans un contexte festif » puissent donner lieu à des accusations ou plaintes pour agression sexuelle (60 %).

La moitié des personnes interrogées estime qu’on devrait même interdire de travailler tout acteur ou réalisateur accusé d’agression sexuelle et ce, « avant même d’avoir été jugé et condamné » ! Sur ce point, « Les personnes interrogées les plus dures ont moins de 35 ans », précise La Tribune en citant Bruno Jeanbart, d’OpinionWay.

Instigatrice du sondage, la politologue Chloé Morin pointe enfin le fait que les réponses des sondés « marquent clairement la progression de la tentation de la "cancel culture" à l’américaine dans l’opinion ». reste à découvrir si la Cérémonie des César 2024 se fera, de son plein gré ou malgré elle, le miroir de ces opinions.