César 2024 : Qui va gagner ? (ou qui devrait gagner selon nous)
boule de cristal•« 20 Minutes » s’essaye au jeu des prédictions quelques jours avant la cérémonie des CésarCaroline Vié
L'essentiel
- La qualité des films proposés rend les prédictions difficiles.
- « Anatomie d’une chute » semble très bien placé.
- La cérémonie se déroulera le 23 février à partir de 21 heures en clair sur Canal+.
- « 20 Minutes » la commentera en direct.
Qui va faire le plein de statuettes aux César de cette année présidés par Valérie Lemercier ? C’est la question qui brûle les lèvres de bien des cinéphiles avant la cérémonie du 23 février. Anatomie d’une chute de Justine Triet, déjà couvert de prix, est évidemment grand favori avec ses onze nominations mais Le Règne animal de Thomas Cailley, nommé dans douze catégories, peut créer la surprise sans compter les lauréats qu’on n’attend pas. 20 Minutes s’est essayé au jeu pronostics en soulignant aussi ses propres préférences. L’année 2023 a été si riche en excellents films français qu’il n’est pas facile de faire son choix.
Meilleur film : « Anatomie d’une chute » de Justine Triet
Bien qu’on la légende veut qu’on se soit jamais prophète en son pays, il est douteux qu’Anatomie d’une chute de Justine Triet ne remporte pas la récompense suprême qu’elle mérite tout à fait. Un César serait à sa place à côté de sa Palme d’or et de ses nombreux prix internationaux. Seules la jalousie ou sa prise de parole politique à Cannes expliqueraient un désaveu qui ridiculiserait le monde du cinéma français une fois de plus après le refus de l’envoyer représenter la France aux Oscars.
Meilleure réalisation : Justine Triet pour « Anatomie d’une chute »
Même motif même récompense que pour le César du Meilleur film. Justine Triet devrait l’emporter haut la main et ce n’est que justice. Sa mise en scène sait se faire discrète en évitant tout effet tape-à-l’œil pour prendre les spectateurs dans ses rets. On ne veut pas imaginer que des professionnels ne soient pas capables de se rendre compte de sa maestria. Cette cinéaste a tout d’une grande et il est plus que temps de lui envoyer de l’amour en même temps qu’une franche consécration de la part de ses pairs.
Meilleure actrice : Sandra Hüller pour « Anatomie d’une chute »
Si les votants n’ont pas les yeux bouchés à la sécotine, ils élieront Sandra Hüller pour Anatomie d’une chute. C’est décidément l’année de cette excellente actrice nommée aussi aux Oscars et également présente à l’affiche de La Zone d’intérêt de Jonathan Glazer. Nous aussi, on voterait pour elle sans hésiter tant sa performance est subtile et bouleversante. En femme accusée d’avoir tué son époux, elle maintient le spectateur dans le doute de sa culpabilité. Du grand art.
Meilleur acteur : Benjamin Lavernhe pour « L’Abbé Pierre »
On verrait bien Benjamin Lavernhe l’emporter parce qu’il est méconnaissable dans le rôle-titre de L’Abbé Pierre – Une vie de combats de Frédéric Tellier. Il est d’autant plus épatant qu’on n’aurait pas forcément pensé à lui pour jouer l’Abbé et qu’il est si juste qu’on l’oublie totalement. Sa performance est de celles qui attirent les récompenses. On voterait, quant à nous, pour Raphaël Quenard dans Yannick, car cela libérerait le prix de la Révélation pour Paul Kircher qui joue le fils de Romain Duris dans Le Règne animal.
Second rôle masculin : Arthur Harari pour « Le Procès Goldman »
Arthur Harari semble bien placé pour l’excellent Procès Goldman de Cédric Kahn. Il surprend par sa maîtrise dans le rôle de l’avocat Georges Kiejman qui tente de sauver la tête de son client. Son talent est d’autant plus étonnant qu’il est surtout connu comme cinéaste (Onoda) et comme coscénariste d’Anatomie d’une chute. Pour notre part, on a un faible pour Antoine Reinartz méconnaissable en procureur général retors et pugnace dans Anatomie d’une chute (oui encore !)
Second rôle féminin : Galatea Bellugi pour « Chien de la casse »
Là, les prédictions sont difficiles car quatre des cinq comédiennes nommées le sont pour le même film. Leïla Bekhti, Elodie Bouchez, Adèle Exarchopoulos et Miou-Miou concourent pour Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry. Comme il semble impossible de les départager tant elles sont toutes excellentes, les votants (et nous) pourraient privilégier Galatea Bellugi, enjeu amoureux sensuel qui parvient à exister entre Anthony Bajon et Raphaël Quenard pour Chien de la casse.
Révélation masculine : Raphaël Quenard pour « Chien de la casse »
C’est là qu’on verra sans doute récompenser Raphaël Quenard qui a connu une année flamboyante. Nommé comme meilleur acteur pour Yannick de Quentin Dupieux, il est aussi en lice pour le court-métrage L’acteur ou la surprenante vertu de l’incompréhension qu’il a coréalisé. Il est ici distingué pour Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand. Dans la catégorie des « révélations » , on lui préfère Paul Kircher qui se transforme en loup dans Le Règne animal et qui avait raté ce prix l’an passé pour Le Lycéen de Christophe Honoré.
Révélation féminine : Rebecca Marder pour « De grandes espérances »
Difficile de ne pas craquer pour la somptueuse Rebecca Marder dans De grandes espérances. Bien qu’elle ne soit plus à proprement parler une révélation, elle irradie en future femme politique face à Benjamin Lavernhe et mérite donc un prix. Dans cette catégorie, on a un faible pour Kim Higelin, étonnante dans le rôle délicat de Vanessa Springora abusée par Gabriel Matzneff (Jean-Paul Rouve) dans Le Consentement de Vanessa Filho. Cette jeune actrice est exceptionnelle en adolescente victime d’abus sexuels.
Scénario original : Justine Triet et Arthur Harari pour « Anatomie d’une chute »
Au risque de ne pas être original, Justine Triet et Arthur Harari n’auront pas volé leur récompense pour Anatomie d’une chute. La mécanique diabolique qui emporte une mère et son jeune fils mal voyant dans un suspense judiciaire haletant est admirable. Il est plus que probable que ce film balaye le pourtant excellent Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry, chronique sur la justice reconstructrice qui fait se rencontrer délinquants et victimes.
Adaptation : Valérie Donzelli et Audrey Diwan pour « L’Amour et les forêts »
L’amour et les forêts, adaptation par Valérie Donzelli et Audrey Diwan d’un roman de Eric Reinhardt, a de belles chances de l’emporter. L’emprise que subit Virginie Efira dans les griffes du charismatique Melvil Poupaud est fort bien rendue par un travail d’écriture qui donne l’essentiel du roman. On aurait bien eu envie de voter pour le sulfureux L’Eté dernier qui revisite le film danois Queen of Hearts (Dronningen) de May el-Toukhy autour la liaison entre une femme mûre (Léa Drucker) et son beau-fils (Samuel Kircher).
Premiers films : « Chien de la casse » de Jean-Baptiste Durand
Chien de la casse est l’outsider de l’année 2023, un film qui a créé la surprise en faisant partager l’histoire d’amitié de deux garçons séparés par l’arrivée d’une jeune femme dans leur vie. Jean-Baptiste Durand a vraiment un talent fou pour analyser leur relation et mettre son trio d’interprètes en valeur. Il va sans doute gagner mais, pour notre part, nous aurions eu du mal à départager deux excellents films de genre : Vermimes de Sébastien Vaniček, également nommé pour ses effets visuels et Vincent doit mourir de Stephan Castang.
Film étranger : « Oppenheimer » de Christopher Nolan
Oppenheimer de Christopher Nolan part sérieusement avantagé. Non par son succès en salle, mais parce que Christopher Nolan himself sera présent à l’Olympia pour recevoir un César d’honneur et qu’il serait franchement mal élevé de ne pas voter pour lui. Même si on préfère de beaucoup le sublime Perfect days de Wim Wenders qui est pour nous le plus beau film de 2023, toutes nationalités confondues, et pour lequel nous voterions sans la moindre hésitation. Ce film qui fait aimer Tokyo et la vie est un pur enchantement.
Pour les films d’animation, impossible aussi de choisir entre Mars Express de Jérémie Périn, Interdit aux chiens et aux Italiens d’Alain Ughetto et Linda veut du poulet ! de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach. Face à la qualité de la sélection, il n’y a plus qu’une seule chose à dire. Que les meilleurs gagnent le 23 février ! Et 20 Minutes sera là pour tout vous commenter en direct.
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