« Des jours meilleurs » lève le voile sur l’alcoolisme au féminin

« Des jours meilleurs » lève le voile sur l’alcoolisme au féminin

bouteilleSabrina Ouazani, Valérie Bonneton et Michèle Laroque incarnent des patientes d’un centre pour alcooliques dans ce film réaliste mais plein d’humour
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • Trois femmes tentent de se désintoxiquer de l’alcool dans un centre spécialisé.
  • Ce film parfois souriant et toujours juste a fait partie de la sélection de l’Alpe d’Huez.
  • Ses réalisateurs ont voulu aborder de front un sujet trop souvent considéré comme tabou.

L’alcoolisme au féminin est peu traité au cinéma. C’est pour cela que Des jours meilleurs d’Elsa Bennett et Hippolyte Dard, découvert au Festival de l’Alpe D’Huez, prend ce sujet à bras-le-corps en s’appuyant sur des comédiennes remarquables. Sabrina Ouazani, Michèle Laroque et Valérie Bonneton y incarnent les patientes d’un centre de soin pour alcooliques.

« Dès que l’on parle de femmes, l’alcoolisme est un sujet tabou, explique Elsa Bennett. Il y a une frilosité autour de ce sujet qui nous a donné envie d’en parler. Mon coréalisateur et moi avons été touchés par ce problème dans notre cercle proche et estimons donc qu’en parler est de nécessité publique ». Avec autant tendresse que d’humour, les cinéastes brossent des portraits de femmes fracassées. Elles viennent d’horizons différents et ont pour point commun celui d’essayer de s’en sortir avec l’aide d’un éducateur joué par Clovis Cornillac.

Un phénomène tabou

« L’alcoolisme au féminin est souvent silencieux, insiste la cinéaste. On est fréquemment dans des situations de non-dit où les femmes vivent leur addiction dans la souffrance et la solitude auxquelles s’ajoute la honte. Et cela d’autant plus quand elles sont mères ». Le scénario décrit des situations tragiques mais aussi la force d’héroïnes tentant de se survivre dans l’adversité. « On espérait que le film montrerait à certaines spectatrices que leur problème n’est pas unique, qu’elles ne doivent plus se cacher mais peuvent se faire aider ».

La cinéaste a été surprise par la diversité des pensionnaires des centres qu’elle a visités pour préparer le film. « On y trouve environ 30 % de femmes et cela va en augmentant rapidement. On y voit beaucoup de jeunes entre 18 et 25 ans, se souvient-elle. Cela va poser de nouveaux soucis comme celui de la mixité homme femme qui risque d’ajouter des relations sexuelles ou sentimentales à des histoires personnelles déjà très compliquées ». Maman débordée, actrice oubliée ou professionnelle survoltée ont déjà suffisamment à faire pour s’en tirer sans ajouter une nouvelle dose de préoccupations dans leur bagage.

Réaliste et militant

Des jours meilleurs se veut tableau sérieux de la vie d’un établissement où le personnel dévoué fait au mieux bien qu’il soit débordé. « Il était important d’être vrai avec ce film, ne serait-ce parce qu’il faut qu’on prenne collectivement conscience de ce qui se passe, insiste la réalisatrice. Les demandes de prises en charge s’accumulent et les places sont rares. Il faut agir et peu de gens s’intéressent à ce type de problèmes ».

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L’urgence rime avec bienveillance quand ces femmes brisées sont envoyées faire un rallye dans le désert ou qu’elles réapprennent un jour à la fois à faire face aux épreuves de l’existence. « Nous avons eu à cœur de ne pas trahir la parole de celles qui se sont confiées à nous pendant nos recherches, déclare Elsa Bennett. Nous voulions qu’elles se reconnaissant dans le film ».

Drôle mais pas toujours

Il était certes surprenant de trouver Des jours meilleurs dans un festival dédié aux comédies comme l’Alpe d’Huez mais des passages légers notamment dans les échanges entre les patientes expliquent ce choix. « J’ai été surprise qu’on soit sélectionnés, mais je suis ravie que cela donne un coup de projecteur sur le film », avoue Elsa Bennett. Les sourires qui naissent en cours de projection constituent un bel hommage pour ces femmes qui combattent contre l’alcool et pour elles-mêmes.