Zabou Breitman signe le biopic fascinant d’un parfait inconnu
jeu de piste•La réalisatrice s’est associée au monteur Florent Vassault pour signer « Le Garçon » , œuvre singulière entre réalité et fiction
Caroline Vié
L'essentiel
- Un simple cliché trouvé dans un album en brocante sert de point de départ à cette œuvre originale.
- Le duo de réalisateurs lève le voile sur le mystère d’un inconnu au fil d’une enquête palpitante.
- « Le Garçon » fascine tout en faisant réfléchir au temps qui passe.
Comme ça fait du bien de tomber sur un film qui ne ressemble à aucun autre ! Le Garçon de Zabou Breitman et Florent Vassault entre gaillardement dans cette catégorie en jouant la carte de l’enquête autour de la photo d’un inconnu. Le duo s’inspire d’un cliché extrait d’un album trouvé en brocante pour bâtir une œuvre à quatre mains fascinante.
« Florent s’est occupé de la partie documentaire en faisant des recherches sur notre sujet et je me suis chargée des passages avec des comédiens comme Isabelle Nanty et François Berléand », explique Zabou Breitman à 20 Minutes. Leurs approches complémentaires donnent un film singulier, de ceux qui vous attrapent au débotté pour ne plus vous lâcher.
Une vie (extra) ordinaire
La réalisatrice de Se souvenir des belles choses et des Hirondelles de Kaboul a fait bonne pioche. Le gamin à l’air nostalgique et souriant de la photo a eu une vie riche en évènements que le spectateur découvre progressivement par le biais d’interviews de témoins. « Je suis persuadée que toutes les existences sont intéressantes mais il a été difficile d’en convaincre un producteur car nous n’avions pas de scénario, insiste Zabou Breitman. C’est pourtant cela que nous montrons dans le film. » Elle a raison : on se prend d’affection pour ce garçon qui nous semble familier avant même qu’on apprenne qui il est.
Le processus est d’une simplicité enfantine. Zabou Breitman s’inspire des interviews que réalise Florent Vassaut qui parcourt la France à la recherche de renseignements sur cet inconnu. « J’ai fait reprendre les dialogues par les acteurs bien que le public s’imagine souvent que c’est l’inverse. J’aime cette ambiguïté », dit-elle. Cette mise en abîme donne le vertige en nous emportant dans une spirale de révélations. Le jeu de piste que nous offre le duo est un pur régal.
Entre documentaire et fiction
Florent Vassault, monteur césarisé pour La Belle époque de Nicolas Bedos, plonge dans la réalité du héros qu’il suit à tous les âges de la vie. Zabou Breitman se concentre sur la fiction fantasmée d’un jeune homme de 25 ans, incarné par le solaire Damien Sobieraff, le temps d’une journée. Et la magie opère : les deux parties du film s’imbriquent parfaitement. « Florent est réfléchi et je suis rentre-dedans, précise Zabou Breitman. Le film s’est créé au montage. Il est à l’image de notre collaboration, deux personnalités qui ne se ressemblent pas mais qui sont faites pour se compléter ».
NOTRE RUBRIQUE CINEMALe Garçon dépasse l’anecdote, va plus loin que la vie de celui qu’ils ont surnommé Jean. Leur approche dépasse l’individu pour toucher à l’universel. On ne divulgâchera pas les secrets de leur héros, mais on peut dire qu’ils mettent les larmes aux yeux. Il suffit de révéler que ce très beau film parle du temps qui passe, de ceux et de ce qui reste de notre passage sur terre avec une grande sensibilité. Zabou Breitman invitait autrefois à se souvenir des belles choses. Ce biopic d’un quidam prolonge cette expérience en nous convainquant que les histoires de tout le monde méritent d’être racontées. Surtout quand c’est fait avec autant de talent.