Festival de l’Alpe d’Huez : « Un p’tit truc en plus » a-t-il changé le ton des comédies françaises ?
Hahahaha•Au Festival de l’Alpe d’Huez, on a pu noter que de nombreuses comédies abordaient de sérieux thèmes de sociétéCaroline Vié
L'essentiel
- L’excellente sélection du Festival de l’Alpe d’Huez a montré que les comédies abordaient des sujets de plus en plus sérieux.
- Le succès de film comme Un p’tit truc en plus a démontré que les spectateurs cherchaient plus que le rire au cinéma.
- La sincérité est le maître mot pour réussir à mêler comédie et thématiques graves.
On a beaucoup ri mais pas que au Festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez mais pas que… Si c’est la charmante rom-com Avignon de Johann Dionnet qui a remporté le Grand prix du jury présidé par Elsa Zylberstein, des films aux thématiques plus sérieuses ont interrogé les festivaliers.
Le triomphe au box-office d’Un p’tit truc en plus et de En fanfare confirme que les spectateurs ne cherchent plus de la comédie « prout avec ses aisselles » mais des œuvres qui rient intelligemment du monde actuel. « Si les spectateurs veulent s’amuser, ils ont aussi envie qu’on les prenne au sérieux, confie la comédienne Valérie Bonneton à 20 Minutes. La sincérité d’Un p’tit truc en plus explique en partie son succès mérité et ouvre la porte aux autres cinéastes. »
Des sujets graves traités avec humour
Valérie Bonneton et Michèle Laroque ont pris ce tournant avec Des jours meilleurs, comédie où elles incarnent des personnages brisés tentant de se désintoxiquer dans un centre pour femmes alcooliques. « Le prisme de l’humour est un bon moyen de considérer les phénomènes de société. Un p’tit truc en plus a ouvert la discussion sur le handicap comme nous espérons le faire sur l’alcoolisme au féminin avec Des jours meilleurs », déclare Michèle Laroque.
Même son de cloche du côté du cinéaste Michel Leclerc, reparti avec un prix d’interprétation pour Benjamin Lavernhe pour Le Mélange des genres. « J’ai toujours inscrit mes comédies dans un contexte politique, dit-il. Ce qui m’intéresse est d’enclencher la discussion. » Ce que fera certainement son film qui aborde des sujets comme la masculinité toxique et les violences faites aux femmes autour d’une organisation féministe et d’une policière qui s’y est infiltrée.
Etre sincère avant tout
Cette tendance est confirmée par l’excellent On ira d’Enya Baroux qui a obtenu un double prix d’interprétation féminine pour Hélène Vincent et la toute jeune Juliette Gasquet. « Parler de suicide assisté dans une comédie n’a pas rendu mon film facile à produire, explique la jeune cinéaste. J’espère que le triomphe qu’Un p’tit truc en plus va rendre les producteurs moins frileux pour aborder des thèmes importants qui touchent les spectateurs. Il est maintenant évident qu’il existe un public pour eux. » Les discussions allaient bon train après la projection de cette histoire de famille tordante et grave.
« Des films comme Un p’tit truc en plus et Intouchables ont pour point commun de pouvoir réunir plusieurs générations dans les salles et de les conduire à parler après la projection, analyse le comédien Melvil Poupaud. Ils ouvrent les esprits sans les brusquer en faisant rire. » Il venait présenter Les Règles de l’art de Dominique Baumard, amusant thriller autour d’un vol de tableau, couronné par un prix du Jury. Le court métrage récompensé, Des doigts en or de Chryssa Florou, où un jeune homme se fait aider par des amis pour répéter son coming-out, confirme cette nouvelle tendance. Tout comme Le Dérapage d'Arélien Laplace, film court hilarant qui moque du traitement de la politique dans les médias et des conséquences qui peuvent en découler.
« On peut rire de tout à condition d’être sincère », déclare Franck Dubosc venu à l’Alpe d’Huez pour célébrer le succès de sa comédie noire Un ours dans le Jura. Le mot « sincérité » revient souvent dans la bouche d’artistes qui estiment qu’il fait toute la différence, un constat que l’excellente sélection du Festival de l’Alpe d’Huez a démontré par l’exemple.
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