goreComment « Terrifier 3 » s’est-il retrouvé interdit aux moins de 18 ans

« Terrifier 3 » : Comment le film s’est-il retrouvé interdit aux moins de 18 ans ?

goreLe troisième opus des films d’horreur mettant Art le clown en vedette a été interdit aux moins de 18 ans
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • Ce film très gore se déroule pendant les fêtes de Noël.
  • Son interdiction aux moins de 18 ans lui assure un certain buzz mais complique aussi sa sortie.
  • Le distributeur ne compte pas faire appel pour l’instant.

Il s’appelle Art le clown et il aime tuer des gens de façon très inventive. Le héros de Terrifier 3 de Damien Leone avait, comme vous l’aurez finement deviné, été le héros de deux films. Le premier n’était pas sorti dans les salles françaises. Le deuxième, interdit aux moins de 16 ans, avait tout de même attiré 72.000 amateurs de gore, au cinéma en 2023. Mauvaise surprise pour le distributeur ESC Distribution, Terrifier 3, qui sort ce mercredi, vient d’écoper d’une interdiction aux moins de 18 ans.

Cette classification proposée à la ratification de la Ministre de la culture est ainsi justifiée de façon un brin pompeuse. « La commission propose une interdiction aux mineurs de moins de dix-huit ans pour ce film violent et gore qui a la particularité de multiplier les scènes sadiques d’une extrême violence avec la volonté d’associer le spectateur à une forme de glorification de la violence présentée sous un jour favorable de nature à troubler gravement la sensibilité du public avec néanmoins un propos narratif à l’esthétique gore. »

La commission de Classification

En France, il n’existe pas de « censure » mais une classification destinée à protéger le jeune public. Une sous-commission voit tous les films qui doivent recevoir un visa avant de pouvoir sortir en salle. Cette première étape permet d’identifier les œuvres qu’elle juge problématiques et de les faire passer à la « commission plénière ». Cette dernière débat avant de proposer une classification argumentée au Ministère de la culture qui entérine le plus souvent sa décision sans pour autant y être contraint.

Professionnels du cinéma, associations, enseignants psychologues et représentants de l’état et jeunes (de plus de 18 printemps), nommés par arrêté du ministre de la Culture, participent aux débats avant de voter à bulletins secrets. D’après nos sources (les membres de la « classif » sont tenus à un devoir de réserve), le vote pour Terrifier 3 aurait porté majoritairement vers le moins 18 ans ce qui limite ses chances de le voir modifié en cas d’appel…

Nous recommandons la lecture des ouvrages érudits de Christophe Triollet, Censure & Cinéma, notamment le volume 6 consacré à la France, si vous souhaitez approfondir ces questions. Vous y apprendrez notamment qu’aucun film d’horreur n’avait été reçu cette classification depuis Saw 3-D Chapitre final de Kevin Greutert, qui en a été frappé cinq ans après sa sortie sur décision du Conseil d’état.

Avant lui, Saw 3 avait reçu la même classification en 2006 pour « sa très grande violence, les scènes de tortures morales et physiques appuyées, gratuites, sadiques et pour certaines insoutenables ».

Les classifications

La classification a été créée pour différencier certains films jugés ultra-violents ou au contenu sexuel trop explicite des œuvres classées X (les films pornographiques) qui ne pouvaient pas sortir en salle et étaient frappés par des taxes fort dissuasives… En France un film a la possibilité d’être classé tout public, tous publics avec avertissement, interdit aux moins de 12 ans avec ou sans avertissement, interdit aux moins de 16 ans avec ou sans avertissement, interdit aux moins de 18 ans avec ou sans avertissement, ou carrément totalement interdit.

Chez ESC, le distributeur de Terrifier 2 et 3, c’est la consternation. « Passer de 16 ans pour Terrifier 2 à 18 ans pour le troisième volet nous semble d’une sévérité terrible, déclare Victor Lamoussière. Certaines personnes trouvent le nouvel opus plus violent que le précédent, d’autres pas mais, dans tous les cas ajouter un avertissement nous aurait semblé plus juste. » Les mineurs de 18 ans n’auront pas le droit de voir le film, vous l’aurez compris. Mais cela complique aussi sa sortie.

Une sortie en salle compliquée

« Quand on nous dit que cette classification nous offre une publicité gratuite, je réponds que c’est à double tranchant car les cinémas peuvent se montrer frileux, dit Victor Lamoussière. Ils craignent des débordements bien que nous fassions confiance à l’intelligence des spectateurs. » Fort heureusement, les sorties des gorissimes Terrifier 2 et de The Sadness ont fidélisé les exploitants pour ce distributeur « d’horribles films » comme il se surnomme lui-même. « Ils savent que nous attirons un public de niche, respectueux et averti de ce qu’il va voir. » Terrifier 2 était sorti sur 90 copies. Le troisième opus en propose 106. Mais les directeurs de salles ont cependant réduit le nombre des séances. « Cette classification a aussi un coût pour eux, souligne Victor Lamoussière car ils doivent engager des agents de sécurité plus nombreux pour vérifier l’âge des spectateurs ».

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Après avoir vu Terrifier 3, il semble clair qu’Art le clown n’a rien perdu de son sens de la fête surtout que l’action se déroule à Noël. ll tue, mutile et rien n’est épargné au spectateur. S’il est évident que ce film n’est pas recommandé à un public trop jeune ou trop sensible qui doit être clairement prévenu, ce festival gore n’incite nullement à reproduire les actes du sinistre personnage au maquillage noir et blanc. Il entre, en plus moderne, dans la tradition des films d’horreur sanglants, comme ceux d’Hershell Gordon Lewis, qui ont leurs aficionados depuis des décennies.

Que va-t-il se passer maintenant ?

« Nous aurions pu faire appel mais y avons renoncé car nous n’avons appris la décision de la commission que vendredi dernier, précise Victor Lamoussière. Il était trop tard pour envisager un autre montage et le résultat serait arrivé après la programmation du film ».

Le distributeur n’est pas pour autant découragé par cette décision. « Nous continuerons à distribuer d’horribles films », précise-t-il. Cela tombe bien : la fin ouverte de Terrifier 3 laisse présager une suite.