Tim Burton redonne du goût à son cinéma avec « Beetlejuice, Beetlejuice »

« Beetlejuice, Beetlejuice » : Tim Burton redonne du goût à son cinéma

retourTim Burton donne une suite savoureuse à son classique de 1988 avec toujours Michael Keaton dans le rôle-titre
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • Beetlejuice est de retour et il est toujours aussi répugnant et libidineux.
  • Michael Keaton, Winona Rider et Catherine O’Hara, interprètes du premier film, sont rejoints par Jenna Ortega et Monica Bellucci.
  • Ce film marque le grand retour d’un cinéaste qui a retrouvé le goût de son métier.

En 1988 sortait Beetlejuice de Tim Burton. Michael Keaton, qui allait ensuite devenir Batman pour le réalisateur, y incarnait un démon en costume rayé sortant du royaume des morts dès qu’on prononce trois fois son nom. Beetlejuice Beeltejuice permet de retrouver ce personnage joyeusement malaisant qui est de nouveau résolu à convoler avec l’héroïne jouée par Winona Ryder, redécouverte dans la série Stranger Things.

Catherine O’Hara retrouve son rôle de mère de cette dernière tandis que Jenna Ortega incarne la nouvelle génération et que Monica Bellucci trouve un rôle vénéneux à la hauteur de l’admiration que le cinéaste lui porte. Tim Burton, qui signe là son meilleur film depuis longtemps, s’est confié sur ces sujets pour 20 Minutes.

Le retour de Beetlejuice

Depuis le temps que l’idée d’une suite traînait, on avait fini par la croire morte et enterrée. Et pourtant, Beetlejuice, Beetlejuice, qui a fait l’ouverture de la Mostra de Venise avant de passer au Festival de Deauville a enfin vu le jour et c’est une excellente surprise.

« « On en parlait depuis 1988 mais on ne se sentait pas prêts avant. Ce n’était jamais le bon moment. Sans doute est-ce parce que Michael et moi sommes devenus vieux que nous avons fini par nous lancer dans l’aventure. L’idée était de garder le côté politiquement incorrect du personnage. Même si l’époque a changé, il est resté le même. » »

Le choc de Michael Keaton

Michael Keaton n’avait pas joué le personnage depuis des années, mais Tim Burton a été surpris par la rapidité avec laquelle il s’est de nouveau approprié le rôle de cette créature répugnante, libidineuse mais aussi flamboyante qu’attachante.

« « Comme nous n’avions fait aucune répétition, ça m’a fait un choc de le voir arriver en Beetlejuice. C’était presque comme s’il était possédé par un démon. On avait tous l’impression d’avoir été pris dans une faille spatiotemporelle. J’ai été surpris de ressentir autant d’émotions quand il est arrivé sur le plateau. Cela m’a amusé de faire vieillir le personnage, de le rendre encore plus moisi. Michael a accepté d’entrer dans le jeu avec plus de plaisir qu’il ne pensait en éprouver. » »

Le retour de l’ado Winona Ryder

Il aura fallu trente-huit années pour que Tim Burton décide de donner une suite à ce film dont la gloire s’est aussi perpétuée grâce aux parcs d’attractions et à une comédie musicale. Il se livre à un « fan service » assumé tout en ajoutant de nouvelles idées très amusantes.

« « J’aimais beaucoup le personnage d’adolescente mal dans sa peau qu’incarnait Winona Ryder dans le premier volet. C’est pour elle que j’ai eu envie de poursuivre l’histoire. Je m’identifiais à elle et je me suis soudain demandé ce qu’elle était devenue une fois adulte. Et c’est là que m’est venue l’idée de construire ce deuxième opus autour de trois générations de femmes : grand-mère, mère et fille. » »

La consécration de Jenna Ortega

Jenna Ortega se glisse dans la peau de la fille du personnage incarné par Winona Ryder. Son père ayant été tué au cours d’une expédition, elle tente de trouver sa place entre une grand-mère snob et une mère qui voit des gens morts partout et tout le temps. Sa vie n’est pas simple et sa mort pourrait être encore plus compliquée.

« « Quand j’ai travaillé avec Jenna Ortega sur la série Mercredi, elle m’a fait ressentir la même chose que Winona à ses débuts. Elles sont différentes mais dégagent la même énergie, de celle qui ne s’invente pas. J’ai tout de suite compris que la dynamique entre elles allait être épatante. Elles ont toutes deux un supplément d’âme et une force incroyables. J’avais envie que mon film soit féministe.  » »

La beauté de Monica Bellucci

Monica Bellucci et Tim Burton se sont rencontrés au Festival Lumière à Lyon en 2022 et sont en couple depuis. Il lui offre un rôle sublime, celui de l’épouse de Beetlejuice. Les sentiments du réalisateur apparaissent de façon très émouvante quand il met en valeur le talent et la beauté de la comédienne.

« « J’avais toujours rêvé de réaliser un film d’horreur "à l’italienne". Monica m’a donné l’opportunité de le faire en filmant la plus belle femme du monde. Je voulais que ce film soit très personnel et sa présence m’a permis de concrétiser mon envie de devenir brièvement un réalisateur italien. Les agrafes qui maintiennent son personnage me semblent un beau symbole de ce qu’on doit faire pour se rassembler quand on tombe en morceau. Cette métaphore me parle. » »

Les morts de Tim Burton

Les meilleurs moments du film se déroulent dans le monde des morts où des zombies de toutes sortes attendent d’être dirigés vers leur destination éternelle. Transpercé d’une lance, dévoré par des piranhas ou coupé en deux, les décédés du film sont drôles et originaux. On a un faible pour Bob, chef de bureau à la tête réduite et à l’air fatigué.

« « J’ai demandé aux gens autour de moi comment ils aimeraient mourir ou quelle mort leur ferait peur et je me suis basé sur leurs réponses. Créer cet univers était comme un grand jeu de société. J’ai fait plein de petits dessins en m’inspirant de toutes ces idées. On a tout fabriqué en "dur" avec des effets spéciaux qui restaient sur le plateau ce qui a beaucoup simplifié la vie de toute l’équipe. » »

La somme de Tim Burton

Beetlejuice Beetlejuice permet de retrouver les thèmes chers au réalisateur : deuil, acceptation de soi, humour noir et univers graphique très reconnaissable avec ses serpents aux rayures noires et blanches et autres créatures macabres. On a l’impression de voyager dans son monde.

« « Je vois pourquoi on peut penser qu’il s’agit d’un "film somme" car je reconnais que j’y ai mis beaucoup de choses. Je l’ai tourné rapidement dans un esprit collaboratif comme mes premiers films. Je m’étais un peu perdu dans la machine hollywoodienne. Beetlejuice Beetlejuice m’a donné l’occasion de me reconnecter avec mon métier dont j’ai retrouvé le goût grâce à ce tournage. Cela dit, je ne sais pas si je ferai un troisième volet. Si je dois attendre encore trente-huit ans, je ne serai plus très frais.  » »