« The Crow » est-il toujours aussi vénéneux dans cette nouvelle version ?
Noir c’est noir•Ce justicier romantique et tragique revient hanter les écrans sous les traits de Bill SkarsgårdStéphane Leblanc
L'essentiel
- Dans le nouvel opus de The Crow, Bill Skarsgård incarne Eric Draven, un jeune homme qui revient d’entre les morts pour se venger. Le film s’attarde sur l’enfance douloureuse d’Eric avant qu’il ne devienne The Crow.
- On retrouve Bill Skarsgård (Ça) dans le rôle-titre, aux côtés de FKA Twigs, Danny Huston et Sami Bouajila.
- Le film manque de rythme et n’est pas à la hauteur de la version culte de 1993 avec Brandon Lee.
Dans la catégorie « justiciers teigneux », The Crow se pose un peu là. Des gens très méchants l’ont mis très en colère en tuant sa fiancée et il leur fait passer le goût des tripes à la mode de Caen avant de s’attaquer à d’autres fâcheux. Ce héros gothique et romantique avait fait l’objet de trois longs métrages et d’une série avant que Rupert Sanders le sorte de nouveau de sa cage en confiant le rôle-titre à Bill Skarsgård.
Le comédien semble avoir un goût marqué pour les personnages dangereux et il faut reconnaître que ces derniers lui vont comme un gant de cuir noir. Après le clown extraterrestre de Ça, il se glisse dans la peau d’Eric Draven, garçon tourmenté qui n’a pas que des amis et qui tombe amoureux d’une jolie pianiste interprétée par FKA Twigs.
D’ou vient « The Crow » ?
The Crow (Le Corbeau en français) fut tout d’abord créé dans un roman graphique culte et des comics signés par James O’Barr. Ce dernier pansait ses plaies après la mort de sa fiancée tuée par un chauffard. Son héros inconsolable revenu d’entre les morts pour se venger n’était pas conçu pour connaître une adaptation cinématographique avant qu’Alex Proyas se lance dans l’aventure en 1993. Brandon Lee, Vincent Perez, Eric Marbius, Edward Furlong et Mark Dacascos (dans la série des années 1990) l’ont tour à tour incarné.
La malédiction de « The Crow »
Le tournage de The Crow d’Alex Proyas a été marqué par une tragédie en 1993 quand Brandon Lee, fils de Bruce Lee, a été tué accidentellement par une arme qu’on croyait chargée à blanc, un drame qui fait échos à l’affaire Alec Baldwin. Trente ans après le décès de l’acteur alors âgé de 28 ans, sa performance demeure inoubliable. Des effets numériques et une doublure (Chad Stahelski devenu ensuite le créateur de la saga John Wick) ont permis de finir le film sans lui. Alex Proyas a fait savoir qu’il désapprouvait ce nouveau projet qui lui semble irrespectueux pour la mémoire de Brandon Lee.
La version 2.0
Dans cette nouvelle version, Rupert Sanders, réalisateur de la version en prises de vues réelles de Ghost In The Shell, insiste sur l’enfance et la vie d’Eric Draven avant qu’il ne devienne The Crow. Maltraité par sa mère et par ses copains de classe, puis par à peu près tous les gens qu’il croise, le jeune Eric en a gros sur la patate. Le très méchant Danny Huston en rajoute une louche pour lui pourrir la vie et Sami Bouajila, l’accueille dans l’au-delà. Eric va devenir très colère et ne l’envoie pas dire à ses ennemis.
De la romance et des blablas
Bill Skarsgård est très convaincant (une légère propension à rouler des yeux peut-être) mais on aurait aimé le voir davantage en Corbeau qu’en jeune homme mal dans sa peau. Son histoire d’amour bien mignonne se tire en longueur diluant l’aspect sulfureux d’un redresseur de torts qu’on n’a pas envie de mettre de travers. The Crow se perd en verbiages comme si on assistait au pilote d’une future série. En bref, le film de Rupert Saunders n’est pas indigne. Il manque juste cruellement de peps. On n’en pleure que davantage la version avec Brandon Lee.