Porno, gore et heavy metal… « MaXXXine » raconte un tournant culturel
Du culte !•Mia Goth et le réalisateur Ti West se retrouvent pour la troisième fois avec le flippant et sexy « MaXXXine qui dose parfaitement les ingrédients d’un succès sulfureuxCaroline Vié
L'essentiel
- Un tueur en série décime des starlettes hollywoodiennes au milieu des années 1980.
- Ce thriller est aussi réussi que les précédents.
- Ti West et Mia Goth ont parfaitement compris comment doser frissons de plaisir et tremblements d’horreur.
Mamma Mia Goth ! Même s’il fait frais dans les salles de cinéma, cette comédienne américaine fait monter la température. Elle est bluffante dans tous les volets d’une trilogie signée par Ti West. X et Pearl en 2022 et MaXXXine, en salle ce mercredi, lui offrent des rôles en or dans des histoires érotiques et horrifiques conçues pour mettre les sens en éveil et le trouillomètre à zéro.
Dans X et MaXXXine, le cinéma « pour adultes », petit surnom badin que les Américains donnent aux films pornographiques, se trouve au centre du récit. Pearl, préquel de X, explique comment l’héroïne, jouée par Mia Goth, a fini par péter un câble au point de devenir une tueuse qui persécute Maxine dans X. Fait amusant, Mia Goth incarne aussi Maxine, starlette du cinéma porno en quête de gloire qui a la fâcheuse habitude de tomber sur des psychopathes aux tendances homicides. Celui du dernier volet a réellement existé. Il s’appelait Richard Ramirez et était surnommé le Night Stalker. Mais quels sont donc les ingrédients qui font que ces films ont autant de succès ?
Du sexe et du sang
L’efficacité du cocktail sexe et sang n’est plus à démontrer. Ti West le sert particulièrement corsé. Comme ses confrères Ari Aster (Midsommar) ou Jordan Peele (Us), il a renouvelé le cinéma d’horreur en mettant en scène des personnages féminins forts dont le désir d’émancipation va à l’encontre de la morale d’une Amérique puritaine. La maladie mentale de Pearl comme la soif de survie de Maxine offrent un beau festival de séquences chaudes mais aussi de massacres très éprouvants.
« L’action de MaXXXine se déroule au cœur d’un moment culturel où les films pornographiques, les films d’horreur et la musique heavy metal étaient considérés comme une influence corruptrice sur la jeunesse américaine », précise Ti West.
Les dessous (sales) de Hollywood
Ti West aime le cinéma de genre et cette passion est encore plus communicative avec MaXXXine. Il fait découvrir Hollywood au milieu des années 1980 dans tout ce que la ville peut avoir de plus glauque et poisseux. Sa vision fascinait aussi dans Pearl dont l’héroïne rêve de devenir actrice ou dans X qui suit le tournage tragique d’un porno. Bénéficiant d’un budget plus confortable pour ce troisième volet, il n’en a pas pour autant perdu son côté sulfureux.
« MaXXXine vous transporte dans cette époque et cette ambiance, un Hollywood plus sordide mais qui reste le Hollywood que nous connaissons et aimons aujourd’hui, déclare Ti West. Nous avons été très méticuleux sur tous les détails ».
Du cinéma très stylé
Qui a dit qu’un film d’horreur ne devait pas être soigné ? Certainement pas Ti West qui apporte un soin minutieux à chacun de ses trois films. L’esthétique de X évoquait un film coquin des années 1970. Celle de Pearl faisait penser à une comédie musicale des années 1940 et MaXXXine offre une belle reconstitution du style des années 1980 et de ses « slashers » emblématiques. A chaque œuvre, le spectateur vit une expérience unique en voyageant dans le temps et dans les différentes époques du 7e Art.
« Ce qui manquait aux deux autres films, c’était l’envergure, explique Ti West. Nous devions passer de la réalisation de films artisanaux – comme le tournage de films pornographiques dans un lieu isolé – à une réalisation finale plus grandiose et cinématographique. »
Mia, toi ma star
Disons-le tout net. Sans Mia Goth, la trilogie n’aurait pas de raison d’exister. Elle porte les trois films avec un mélange de sensualité et de folie fort engageant. Qu’elle soit une fermière des années 1920 bridée par son milieu ou une comédienne aspirante prête à tout pour réussir, elle dévore l’écran. Mariée à Shia LaBeouf depuis 2016, la jeune femme est aussi devenue incontournable dans les tabloïds.
« MaXXXine est une vitrine différente pour Mia Goth par rapport aux films précédents, déclare Ti West. L’héroïne est à un autre stade de sa vie, à l’aube de la gloire. Elle a évolué comme Mia l’a fait avec sa propre célébrité ».
On veut un quatrième volet !
Alors, évidemment, les fans de séries B sont les premiers à plébisciter la trilogie de Ti West mais ils ne sont pas les seuls. Ces films ont connu les honneurs de grands festivals internationaux comme Venise ou Deauville. La présence interprètes célèbres comme Kevin Bacon, Giancarlo Esposito et Lily Colins ou Elizabeth Debicki dans MaXXXine montre que Mia Goth et Ti West ont gravi les échelons hollywoodiens. Ils ont su clore leur trilogie en beauté en honorant un cinéma trop souvent méprisé auquel ils rendent ensemble un hommage touchant, flippant et sexy à souhait. On n’écrit pas cela souvent mais on n’aurait rien contre un quatrième volet.