Le réalisateur Ladj Ly devra s’acquitter d’une amende de 50.000 euros pour abus de confiance
Amende honorable•La Justice reproche au réalisateur des « Misérables », ainsi qu’à son frère, la gestion hasardeuse de sa société de production et de l’association La cité des arts visuels20 Minutes avec AFP
Meilleur cinéaste que gestionnaire. C’est en substance ce qu’il faut retenir de la décision du parquet de Bobigny, rendue publique ce vendredi 19 juillet. Le réalisateur français Ladj Ly, multirécompensé pour Les Misérables, devra verser une amende de 50.000 euros pour abus de confiance dans le cadre de la gestion de sa société de production et de l’association La cité des arts visuels. L’acteur-réalisateur de 44 ans ayant reconnu sa culpabilité courant juin, il s’évite un procès au pénal.
Des « investigations ont mis en lumière la gestion financière peu rigoureuse » de l’association La Cité des arts visuels et de la société de production Lyly Films, a précisé le parquet de Bobigny, confirmant une information de Mediapart.
« Pas de réelle volonté d’enrichissement personnel »
Le frère de Ladj Ly, Amadou, qui était le président de ces deux entités, a été condamné à une peine de six mois de prison avec sursis, à 100.000 euros d’amende assortis du sursis et de cinq ans d’interdiction d’exercer une profession commerciale ou industrielle, lors d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC).
L’enquête a porté notamment sur l’achat d’une maison à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, et des travaux qui ont suivi, grâce à l’argent de l’association et ce, alors que les frères Ly en sont propriétaires sur le papier, avait indiqué une source proche de l’enquête.
Il n’existe toutefois pas de réelle volonté d’enrichissement personnel, selon cette source, citant diverses dépenses payées par l’association sans justificatif ou qu’ils en étaient les seuls bénéficiaires.
300.000 euros remboursés
Sur les quelque 300.000 euros dont l’utilisation semble frauduleuse, les frères Ly ont intégralement remboursé les fonds entre décembre 2020 et février 2022, a précisé le parquet de Bobigny. Le cinéaste et son frère avaient été placés en garde à vue en février 2021 dans le cadre de l’enquête, ouverte un an plus tôt. Ils étaient ressortis libres.
Une perquisition avait aussi eu lieu dans les locaux de l’association à Monftermeil, ville pauvre de banlieue parisienne où le cinéaste a grandi et a installé son école de cinéma.
Membre du collectif artistique Kourtrajmé (« court métrage » en verlan), Ladj Ly a accédé à la notoriété internationale en 2019 avec son film coup de poing Les Misérables qui avait notamment obtenu le prix du Jury au festival de Cannes en 2019 et quatre César dont celui du meilleur film.
Encensé par la critique, ce tableau sombre des banlieues a fait le tour de la planète et suscité l’engouement du milieu du 7e art pour le travail du réalisateur.