« Moi, moche et méchant 4 » : Les quatrièmes volets d’une saga sont-ils toujours mauvais ?
4astrophe•« Moi, moche et méchant 4 » pourrait bien être l’opus de trop de la saga réunissant Gru, sa famille et ses Minions
Caroline Vié
L'essentiel
- «Moi, moche et méchant 4 » se révèle poussif malgré la présence de personnages familiers.
- Shrek, L’Âge de Glace, Hôtel Transylvanie… Très souvent, les sagas s’essoufflent après leur troisième opus.
- Mais il existe des exceptions notables. Oui, on va dire du bien de Toy Story 4…
Pourquoi ? C’est la question qui vient rapidement aux lèvres en voyant Moi, moche et méchant 4 de Chris Renaud et Patrick Delage, découvert au Festival d’Annecy. Une fois que la réponse évidente – parce qu’on aime l’argent – a été donnée, une seconde interrogation pointe son nez. Pour quelle raison, les quatrièmes volets des sagas sont souvent ceux de trop ?
Moi, moche et méchant 4 est un cas d’école. On a vraiment l’impression que les créateurs se sont endormis sur leurs lauriers tant l’intrigue mollassonne, autour de Gru obligé de se cacher avec sa famille pour échapper à un méchant qu’il a fait coffrer, tient peu la route. Le film ressemble plus à une suite de sketches assemblés à la va-comme-je-te-pousse qu’à un tout cohérent comme si plusieurs troupes d’animateurs avaient travaillé chacune de leur côté. Il faut dire que techniquement ce film est le sixième de la saga si on prend en compte les deux aventures indépendantes des Minions. De quoi s’être bien essoufflé depuis le premier opus sorti en 2010.
Et de quatre !
Ne jetons pas le studio Illumination aux orties. Il est loin d’être le seul à avoir tiré sur la corde jusqu’à l’épuisement des spectateurs. Les quatrièmes volets de L’Age de glace et d’Hôtel Transylvanie font aussi mal au cœur. Les personnages, devenus familiers au public, ne cherchent plus à se réinventer et leurs histoires ont perdu de leur originalité et de leur cohérence. Comme le poussif Shrek 4, ils se contentent d’exploiter ad nauseam la sympathie que le public ressent pour les personnages. Ici encore, pas question d’innovation ni d’efforts particuliers. La logique du fan service minimum et du « ça leur suffira bien » semble régner. Kung-Fu Panda 4 se tire mieux d’affaires avec ses combats rythmés mais on est aussi loin de la magie du premier volet. Dans tous ces cas, le quatrième film est clairement celui dont on aurait pu se passer.
Une seule solution : la rénovation !
Toy Story 4 constitue une exception de taille en échappant à cette malédiction. La raison en est simple : les studios Pixar se sont donné la peine de soigner l’écriture et d’offrir du neuf à leurs fans au lieu de délayer de vieilles recettes jusqu’à les rendre insipides. Les nouveaux jouets qu’ils ont ajoutés dans leur coffre sont suffisamment bien conçus pour surprendre, tout autant que les décors dans lesquels ils évoluent.
Ce film se démarque franchement des suites de qualité médiocres que Disney ne sortait autrefois qu’en vidéo. Il est une œuvre à part entière, fidèle à l’esprit de la saga mais suffisamment novatrice pour passionner habitués et néophytes.
Quatrièmes mais gagnants
C’est qu’avait compris George Miller avec Mad Max Fury Road ! Toujours aux commandes de sa saga, il remet les gaz à fond en entourant son héros mythique de nouveaux personnages dont la tonique Furiosa. Il garde ce qui fait vibrer les amateurs des films précédents tout en leur offrant d’excitantes nouveautés. La recette idéale pour satisfaire les fans de la première heure et les nouveaux venus dans son univers.
Mais le quatrième volet le plus réussi qui soit demeure sans nul doute Star Wars IV : un nouvel espoir. Réalisé bien avant ses préquels, ce film fondateur de « La Guerre des étoiles » est à la fois le quatrième et le premier d’une très (trop ?) longue lignée prouvant que le chiffre quatre n’est pas toujours maudit au ciné.