Dans Longlegs, film d’horreur signé Oz Perkins, Nicolas Cage, soixante printemps cette année, incarne un tueur en série particulièrement vicieux. L’acteur est quasiment méconnaissable avec sa perruque, ses yeux exorbités et les borborygmes qui constituent la plus grande part de ses dialogues.

« J’incarne un héros qui entend des voix. C’est un peu comme un Geppetto possédé, qui fabrique des poupées… » a déclaré le comédien au magazine JoBlo. Il est vraiment flippant dans son rôle même s’il faut bien admettre qu’il en fait des caisses. Longlegs vient rejoindre la galerie de performances hallucinantes et hallucinées d’un comédien qui ne se ménage pas.

Du cabotinage décomplexé

Cela fait maintenant un paquet d’années que Nicolas Cage s’est spécialisé dans des rôles qui lui permettent de livrer des compositions sidérantes qui donnent l’impression qu’on le laisse œuvrer en solo pour exprimer ses prestations dans toute leur générosité. Ou que les cinéastes ont purement et simplement renoncé à le tempérer. Neveu de Francis Ford Coppola, Nicolas Cage a pourtant commencé une carrière fort sérieuse devant la caméra de ce dernier avec Rusty James et Cotton Club. Adoubé par David Lynch qui l’a dirigé dans Sailor et Lula puis oscarisé en 1996 pour son rôle poignant d’alcoolique dans Leaving Las Vegas de Mike Figgis, rien ne le prédisposait à ces excès.

Des thrillers comme Volte-face de John Woo ou Lord Of War d’Andrew Niccol ou encore Kick-Ass de Matthew Vaughn ont achevé d’asseoir sa popularité. S’il n’y fait pas toujours montre d’un jeu d’une sobriété exemplaire, Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelle-Orléans de Werner Herzog lui a permis de franchir un cap important dans le cabotinage décomplexé. Cela deviendra sa marque de fabrique au point de s’en moquer lui-même dans Un talent en or massif de Tom Gormican Il y incarne son propre rôle, celui d’un acteur couvert de dettes pactisant avec un mafieux pour se renflouer.

Une fiole de nitroglycérine

Mais où est donc passé le comédien qui poignait le cœur en vétéran traumatisé de la guerre du Vietnam dans Birdy d’Alan Parker ? Il réapparaît parfois, comme dans Pig de Michael Sarnoski où il touche profondément dans la peau d’un cuisinier partant à la recherche de sa truie truffière kidnappée. Nicolas Cage aurait d’ailleurs déclaré qu’il s’agit de l’un des œuvres préférées de sa filmographie lors d’une émission à la télévision américaine. Dracula grimaçant dans Rendfield de Chris MacKay sorti l’an passé, le comédien s’est offert une nouvelle raison d’entrer au panthéon des idoles du cinéma d’horreur avec Longlegs. Mais il faudra nous croire sur parole ou aller voir le film pour découvrir le look l’être sanguinaire qu’il a créé car son apparence est jalousement gardée secrète jusqu’à la sortie du film.

« Ce monstre est comme une fiole de nitroglycérine, confie le comédien au magazine Entertainment Weekly. Il pourrait non seulement faire sauter le cinéma mais aussi le pays voire la planète. Il va changer votre réalité pour toujours. » Nicolas Cage est aussi mesuré dans ses propos que dans son jeu. La tête que fait l’héroïne jouée par Maika Monroe sur la photo ci-dessus démontre tout de même qu’on n’a pas envie de croiser la route de Longlegs.