espaceLa science-fiction française s’envole avec « Pendant ce temps sur Terre »

La science-fiction française décolle avec « Pendant ce temps sur Terre »

espaceLe réalisateur de « J’ai perdu mon corps » mêle les techniques pour un drame singulier
Megan Northan dans  « Pendant ce temps sur Terre » de Jérémy Clapin
Megan Northan dans  « Pendant ce temps sur Terre » de Jérémy Clapin - Diaphana Distribution / 20 Minutes
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • Une jeune femme espère voir revenir son frère astronaute perdu dans l’espace.
  • Jérémy Clapin décrit son cas de conscience quand des extraterrestres lui proposent un terrible marché.
  • Il alterne prises de vues réelles et animation dans ce film très personnel.

Il n’est jamais facile de réaliser un deuxième film après un énorme succès. Jérémy Clapin avait été couvert de prix (Grand prix de la Semaine de la critique, Cristal à Annecy, César et nomination aux Oscars) pour le film d’animation J’ai perdu mon corps (2020). Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’a pas choisi la facilité pour Pendant ce temps sur Terre, découvert en juin dernier au Festival d’Annecy.

Le réalisateur offre un film de science-fiction atypique et personnel en racontant le drame d’une jeune femme inconsolable après la mort de son grand frère astronaute perdu dans l’espace depuis trois ans. Jérémy Clapin mélange les prises de vues réelles avec l’épatante Megan Northam (vue notamment dans la série de Cédric Klapisch Salade grecque) à des passages en animation faisant partager ses aventures spatiales. Cette infirmière est, en effet, contactée par des extraterrestres qui lui proposent un terrible marché en échange du retour de son frère qu’ils prétendent détenir.

Un genre casse-gueule

« L’animation offre des possibilités narratives et plastiques infinies. Mais ce qui m’intéresse en premier lieu avant le médium c’est le cinéma et une certaine approche du fantastique », déclare Jérémy Clapin. Il se lance dans l’aventure de la SF où il prend la suite d’autres grands noms de l’animation comme René Laloux dont La Planète sauvage est ressorti en salle récemment ou Mars Express de Jérémie Perin qui a remporté un beau succès public. Les passages animés de Pendant ce temps sur Terre confirment sa maestria dans ce domaine.

La science-fiction en France a connu des hauts comme des bas. Si Le Cinquième élément de Luc Besson a triomphé dans le monde entier, il n’en a pas été de même pour Valérian. Quant à l’ambitieux Dernier voyage de Romain Quirot, il n’a pas vraiment non plus rencontré son public. De quoi se demander si les spectateurs français n’ont pas un souci avec ce genre quand il est porté par l’un de leurs concitoyens surtout quand ils tentent de sortir des sentiers battus.

Sortir de sa zone de confort

Le mélange de techniques de Pendant ce temps sur Terre déroute mais force le respect car le réalisateur a décidé de sortir de sa zone de confort. « Je crois être allé chercher une matière à explorer que je ne trouvais pas en animation : un aspect brut, la nature, quelque chose de plus viscéral et organique », dit-il pour expliquer son désir de s’essayer aux prises de vues réelles. Son appétit pour la mise en scène et son travail sur la bande-son soutenu par de belles compositions de Dan Levy rend ce deuxième film extrêmement attachant à défaut de complètement abouti.

Il s’en dégage une émotion brute quand il décrit la douleur d’un deuil inacceptable et un charme vénéneux dans la personnalité d’une héroïne confrontée des choix douloureux. Pendant ce temps sur Terre ne cherche à aucun moment à copier sur le cinéma américain. Cette œuvre singulière tâtonne pour trouver sa propre identité ce qui la rend fragile mais passionnante. On attend avec impatience la suite de la carrière de Jérémy Clapin.