Fête du cinéma : L'édition 2024 bat tous les records
youpi !•La Fête du cinéma cartonne cette année malgré le foot et les élections législatives
Caroline Vié
L'essentiel
- Les exploitants de salles de cinémas ont le sourire : plus de deux millions de spectateurs ont déjà participé à la Fête du cinéma qui se termine mercredi soir.
- Les élections législatives n’ont, étonnamment, pas été un frein à la fréquentation.
- Si les comédies et films populaires ont été plébiscités, l’opération favorise aussi des films plus exigeants.
Article mis à jour le 4 juin, après l'annonce d'une fréquentation record sur toute la fête du cinéma.
C’est un triomphe ! Entre les élections législatives et les matchs de l’Euro de foot, la Fête du cinéma, qui s'est déroulée du 30 juin au mercredi 3 juillet inclus, a connu des résultats historiques. Après un premier jour aux chiffres historiques (1,4 millions de tickets), plus de 4,65 millions de séances à 5 euros ont été vendues au total. Un record de fréquentation qui dépasse d'une courte tête l'édition 2009 et ses 4,6 millions d'entrées.
Un p’tit truc en plus, Le Comte de Monte-Cristo et Vice-Versa 2 demeurent les grands gagnants des festivités mais quelques outsiders tirent également leur épingle du jeu. On pense notamment à La Petite Vadrouille ou à Kinds of Kindness à qui l’opération a donné un joli coup de pouce. « Ces films étaient en adéquation avec les goûts des spectateurs, explique Gauthier Jurgensen, journaliste à Satellifacts, lettre professionnelle sur l’audiovisuel et le cinéma. Chaque type de public a trouvé son compte dans les œuvres proposées. »
Trio de tête
Les producteurs du Comte de Monte-Cristo ont gagné leur pari en misant sur la Fête de cinéma et en sortant le film un vendredi au lieu du mercredi habituel. « Ils nous ont fait un beau cadeau et ils devraient dépasser le million de spectateurs en cinq jours d’exploitation », déclare Richard Patry, président de la Fédération nationale des cinémas français. Ce film « événement », déjà bien reçu lors de son passage à Cannes, était parfait pour motiver le public à se rendre en salle. Aventures, littérature et Pierre Niney ont raflé la mise. Vice-Versa 2 a attiré un public familial en redorant au métal fin le blason des studios Pixar qui n’avait pas cartonné à ce point depuis fort longtemps.
Quant à au P’tit truc en plus, rien ne semble pouvoir l’arrêter. « De temps en temps sort un film comme celui-là, hors de contrôle sans qu’on puisse vraiment en cerner la raison, s’émerveille Richard Patry. Les gens vont le voir et le revoir. Dans ma salle à Elbeuf, des spectateurs qui sortaient du Comte de Monte Cristo décidaient de retourner au P’tit truc en plus à la séance suivante. » Les sept salles de son cinéma normand affichaient complet ce week-end. « Je n’avais pas vu ça depuis 2019 ! » reconnaît-il.
Mais pourquoi ce succès ?
La programmation compte pour beaucoup dans le désir des Français de fréquenter les salles. « Il y a de quoi attirer les spectateurs occasionnels qui vont profiter de l’occasion pour aller au cinéma comme les assidus qui se porteront peut-être vers de choix plus aventureux comme Les Fantômes qui sort ce mercredi », précise Gauthier Jurgensen.
Contre toute attente, les élections législatives ont aussi favorisé la fréquentation. « Je ne cache qu’on a eu très peur en voyant les dates de ces élections imprévues, déclare Richard Patry. Mais, en fait, cela nous a plutôt servis. La publicité où nous encourageons les spectateurs à aller au cinéma après avoir voté a fonctionné encore mieux que nous ne l’aurions imaginé ! » Certaines salles offraient même une place gratuite ou une réduction à qui pouvait montrer sa carte d’électeur tamponnée.
Une question d’habitude
« Cela peut sembler une lapalissade, mais plus les gens vont au cinéma, plus ils ont envie d’y aller, analyse Gauthier Jurgensen. Cela rentre de nouveau dans leurs habitudes une fois que le processus est enclenché sans compter le bouche-à-oreille. » Le fait que le public ne soit pas parti en week-end pour pouvoir aller aux urnes a aussi favorisé ce nouveau déplacement. « Ils étaient sortis et avaient envie de s’aérer la tête pendant cette période difficile. » Ce que nous confirme Dominique, 35 ans, épicière dans le 94. « En sortant du bureau de vote, je ne me voyais pas attendre les résultats ou regarder en boucle des chaînes d’infos alors, on est partis voir The Bikeriders entre amis, histoire de se dépayser devant les paysages américains. »
Il est cependant certain que ce sont des œuvres plus amusantes que le film de Jeff Nichols qui ont connu les faveurs du public. « On ne va pas se raconter d’histoires, les spectateurs ont envie de légèreté en ce moment. La salle obscure a un aspect fédérateur et apaisant : elle permet de partager les mêmes émotions avec des gens qu’on ne connaît pas », insiste Richard Patry.
Et dans l’avenir ?
Cela veut-il dire qu’il n’y aura plus de places pour des longs métrages sérieux qui conduisent à réfléchir ? « Il y aura toujours un public qui cherchera davantage qu’un divertissement, Un p’tit truc en plus dans les films qu’il va voir, souligne Richard Patry. Et c’est à nous, exploitants, de favoriser l’éducation à l’image pour encourager cela. » Il attend maintenant un nouveau week-end fructueux pour les salles et – qui sait ? – pour cet été. « On nous prédisait une catastrophe en raison des Jeux olympiques mais les récents résultats nous rendent optimistes. » Pas du doute, le cinéma reste l’un des loisirs favoris des Français.