Willem Dafoe multiplie son talent par trois pour « Kinds Of Kindness »
Charismatique•L’acteur incarne plusieurs rôles dans cette comédie à sketches signée où il retrouve le réalisateur de « Pauvres créatures »Caroline Vié
L'essentiel
- Willem Dafoe est un patron autoritaire, un père aimant et un gourou dans « Kinds Of Kindness ».
- Il aime être mis en danger par les cinéastes qui le dirige.
- A près de 70 ans, il n’envisage pas d’arrêter de jouer.
On ne connaît pas toujours le nom de Willem Dafoe mais son visage taillé à la serpe est familier des cinéphiles comme du grand public notamment pour son rôle de Bouffon vert dans Spider-Man. Il retrouve Yórgos Lánthimos qui l’avait dirigé en savant balafré dans Pauvres créatures pour Kinds of Kindness, film à sketches où il donne la réplique à Emma Stone, Margaret Qualley et Jesse Plemons récompensé cette année à Cannes pour sa prestation.
Tantôt PDG autoritaire, papa aimant, ou gourou charismatique, il apporte une pointe de fantaisie supplémentaire à ces récits fort drôles et cruels. « Je ne m’interdis rien car j’aime être mis en danger, confie l’acteur de 68 ans à 20 Minutes. Si le public estime que je joue souvent des méchants, ils ne sont pas majoritaires dans ma filmographie. Je cherche la diversité dans mes rôles comme dans les cinéastes avec lesquels je travaille ».
Etre poussé dans ses retranchements
Lars von Trier, Abel Ferrara, Sean Baker, Wes Anderson et Robert Eggers font partie des réalisateurs qui ont fait appel à Willem Dafoe pour donner vie à leur univers. « Ils sont pour point commun d’avoir des visions très personnelles ce qui est gratifiant pour un acteur. On se renouvelle sur chaque tournage tant ils nous poussent dans nos retranchements ».
C’est également le cas pour Yórgos Lánthimos dont l’acteur chante les louanges. « Pour Kinds of Kindness, il nous a fait vivre trois films en un seul, se souvient-il. C’était passionnant de composer des prestations différentes avec les mêmes personnes. Cela m’a rappelé mes expériences théâtrales que de collaborer avec un cinéaste qui a une telle compréhension et une telle gourmandise pour le travail des comédiens qu’il dirige ».
Un gourou qui s’ignore
Willem Dafoe y est particulièrement remarquable en gourou de secte menant ses disciples à la baguette, les soumettant à des jeux sexuels et leur faisant littéralement boire ses larmes. « Je ne sais pas pourquoi j’ai inspiré ce type de personnage à Yórgos, plaisante-t-il. C’était amusant de créer ce type totalement ego centré bien que je ne me sente pas beaucoup de similarités avec lui. Peut-être y a-t-il un gourou qui s’ignore dans chaque comédien ».
Il est en tout cas fort convaincant dans ce segment où son charme vénéneux fait des étincelles. Le leader, à la fois séduisant et cruel, qu’il compose est l’un des héros les plus marquants du film.
Toujours passionné
A près de 70 ans, Willem Dafoe aime toujours passionnément son métier. « Je n’arrêterai que si mon corps ou mon esprit m’y obligent, avoue-t-il. Ma profession m’apporte d’intenses satisfactions et je semble toujours inspirer des créateurs hors du commun ». On ne le verra bientôt dans Beetlejuice Beetlejuice de Tim Burton et dans Nosferatu de Robert Eggers. « Comment refuser de travailler quand des noms comme eux font appel à vous ? demande Willem Dafoe. Cela vous maintient en éveil en stimulant votre intellect. Rien ne vaut un beau rôle pour se sentir en forme ». Au vu de ses choix pertinents, on lui fait confiance pour demeurer très longtemps en pleine possession de ses capacités.
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