« Survivre » : Faire un film catastrophe français sans que c’en soit une
en famille•Frédéric Jardin signe un film inégal mais sympathique autour d’une famille mise en danger par un séisme
Caroline Vié
L'essentiel
- Dans Survivre, les pôles de la Terre s’inversent subitement provoquant l’assèchement des océans.
- Emilie Dequennne incarne une mère de famille tentant de protéger les siens face à ce désastre.
- Survivre n’est pas exempt de faiblesses mais il ne manque pas d’ambition.
Frédéric Jardin n’a pas hésité à se lancer dans l’aventure pour Survivre. Il ne s’est pas laissé arrêter par un budget riquiqui et signe un film catastrophe autour d’une famille tentant de se tirer d’affaire après qu’un dérèglement climatique inattendu l’a mise en mauvaise posture. Réalisateur sur les séries Braquo et Engrenages, le cinéaste fait montre d’une grande générosité dans cette entreprise culottée.
L’idée de départ est amusante. Les pôles magnétiques de la Terre s’étant inversés, les océans ont disparu laissant les quatre héros dans un désert lorsqu’ils effectuaient une croisière. Une bande-annonce alléchante mettant l’accent sur la performance très convaincante d’Emilie Dequenne achève de rendre curieux pour ce projet peu commun. Fredéric Jardin déclare avoir souhaité adopter une « approche réaliste » pour faire évoluer l’action de Survivre, un choix judicieux qui lui permet de tenir le cap malgré quelques baisses de rythme.
Un Roland Emmerich français ?
Impossible de ne pas penser à Roland Emmerich quand on évoque ce genre cinématographique. Le maître du « film catastrophe » s’est fait une spécialité des paysages dévastés, du grand spectacle destructeur et des populations décimées avec des films comme Le Jour d’après ou 2012. Il est une référence en la matière. Frédéric Jardin ne bénéficie pas des mêmes moyens. Il tire le meilleur parti des décors naturels de Boumalne-Dadès au Maroc pour bâtir une intrigue en trois parties inégales.
La première un peu molle est centrée sur la famille, la seconde permet de vivre la catastrophe dans le traumatisme qu’elle génère et la troisième prend des allures de road-movie quand un psychopathe se mêle à l’intrigue en traquant les héros.
Un projet original
L’originalité du projet rend indulgent pour les faiblesses d’un scénario capillotracté. Il y a un vrai appétit pour le cinéma de genre dans cette succession de péripéties entre « survival », attaque de créatures marines affamées et film de tueur en série. Ce côté un peu foutraque force la sympathie. Les personnes qui prétendent que le cinéma français n’est pas ambitieux ont de quoi manger leur chapeau devant Survivre qui leur démontre l’inverse avec un enthousiasme communicatif. Ce film n’a rien d’une catastrophe.
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