Le réalisateur Joachim Lafosse accusé de favoriser un climat toxique sur les tournages
MeToo Cinéma•Plusieurs personnalités, parmi lesquelles Virginie Efira, mettent en cause le comportement du réalisateur belgeC.F.
«C’est quelqu’un qui n’a accès qu’à une seule réalité, la sienne, incapable de se remettre en question, et une sorte de moteur viscéral à vouloir faire surgir la déstabilisation chez l’autre, à générer le conflit pour se sentir vivant, et probablement pour créer. Il va aller dans l’endroit de la transgression, pour vous mettre dans tous vos états, pour que vous soyez déstabilisée, infériorisée, ou en colère ». C’est avec ces mots que l’actrice Virginie Efira décrit le comportement du réalisateur belge Joachim Lafosse dans une longue enquête publiée dans Libération.
Ce témoignage vient s’ajouter à une dizaine d’autres, tous exprimés par des femmes ayant partagé les plateaux de tournage de ce cinéaste prolifique et multi-récompensés. Le point de départ de cette enquête est le discours de la monteuse Sophie Vercruysse lors de la Cérémonie des magrittes (l’équivalent belge des César) en mars dernier. Alors qu’elle y reçoit un prix, elle parle d' « Un monde où l’exception culturelle a trop souvent mené à un aveuglement exceptionnel envers le rapport de force, l’emprise et la maltraitance. Un monde où les prédateurs peuvent en toute impunité abîmer hommes et femmes. Ce système doit prendre fin ». Elle reconnaîtra par la suite faire référence à Joachim Lafosse.
Des accusations de harcèlement sexuel
D’autres témoignages vont encore plus loin et certaines collaboratrices du réalisateur l’accusent de harcèlement sexuel et moral. C’est le cas par exemple de Valérie Houdart, assistante réalisatrice, qui raconte avoir été agressée sexuellement la veille du premier jour de tournage du film Nue Propriété (2006) : « Nous sommes alors les deux derniers à travailler dans les bureaux. Joachim me plaque dans un coin, entre un mur et une porte et m’embrasse. Mécaniquement, je réponds à cette grosse langue dans ma bouche puis je m’enfuis en courant. Il essaie de m’appeler plusieurs fois. Je ne réponds pas. »
Contacté par Libération, Joachim Lafosse réfute toutes ces accusations et indique n’avoir « jamais cherché à heurter ni humilier intentionnellement qui que ce soit ». Cette enquête pourrait être l’événement déclencheur d’un MeToo du cinéma belge, en échos au mouvement qui traverse le cinéma français depuis plusieurs mois. Dans l’hexagone, c’est le témoignage de Judith Godrèche contre les réalisateurs Benoît Jacquot et jacques Doillon qui avaient ouvert la voie avec la création d’une commission d’enquête sur les violences au cinéma, mise à l’arrêt depuis ce lundi dans l’attente des élections législatives.
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