DEUILAkira Toriyama, un génie qui ne se résume pas à « Dragon Ball »

Akira Toriyama, un créateur génial qui ne se résume pas à « Dragon Ball »

DEUILLe créateur, décédé le 1er mars, a marqué la culture populaire internationale
Le créateur du manga «Dragon Ball» est décédé
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • Si Akira Toriyama était un mangaka légendaire, il s’est aussi illustré dans d’autres domaines.
  • Il est aussi réputé pour ses créations dans le jeu vidéo.
  • Il devait sortir une nouvelle série « Dragon Ball » en novembre prochain pour célébrer les 40 ans de la saga.

«Akira Toriyama était un grand bonhomme, confie, à 20 Minutes, Matthieu Pinon, rédacteur en chef de la revue Otaku Manga et coauteur du livre Histoire(s) du manga moderne paru chez Ynnis éditions. Il était une figure cruciale dans le développement du manga au Japon mais surtout à l’international. Il lui a donné un respect populaire dans le monde entier et notamment en France. » L’auteur, décédé prématurément le 1er mars à l’âge de 68 ans, est surtout connu pour Dragon Ball, manga 42 tomes parus de 1984 à 1995.

Toute une génération a découvert le manga grâce à Dragon Ball mais il est réducteur de limiter ce designer génial aux aventures de Son Gôku et ses potes. Ce sont pourtant elles qu’on cite en premier puisqu’elles font vibrer le public sous forme de livres, séries, films et jeux vidéo et fait l’objet de nombreuses déclinaisons et autre spin-off.

Une idée de génie

« Qu’on apprécie Drag Ball ou pas, on ne peut que reconnaître l’impact de cet univers sur la culture populaire, martèle Matthieu Pinon. Akira Toriyama a notamment l’idée de génie de faire vieillir son héros pour qu’il suive l’évolution de ses lecteurs et s’adapter à leurs aspirations. Ce concept a été repris par des sagas comme One Piece ou Naruto qui durent depuis des décennies ».

Dragon Ball Z, Dragon Ball GT, Dragon Super (dont le manga est encore en cours) ont été plus ou moins bien reçus par les fans. L’auteur se contentait parfois d’un chèque ou ne participait qu’aux scénarios. « Il s’était lassé de la saga dont il confiait les dessins à son fan numéro 1 Toyotarō », précise Matthieu Pinon. Toriyama-san avait cependant repris le collier pour Dragon Ball Daima, nouvelle série censée célébrer les 40 ans du manga qui devait sortir au Japon en novembre 2024.

La question du sexisme

Au XXIe siècle, on remet en question certains choix du mangaka souvent accusé de sexisme. Le personnage de Tortue géniale (Kamé Sennin) est souvent pointé du doigt pour sa passion un peu trop pressante pour les dames et leurs sous-vêtements. « Certes, Akira Toriyama peut être grivois mais il faut comprendre qu’il cherche à exploiter tous les types d’humour, y compris scatologique, un peu comme le faisait Benny Hill dans ses sketches. Dans les années 1980, ça ne choquait personne et on rigolait sans arrière-pensée », insiste Matthieu Pinon.

Notons que Toriyama-san a aussi créé de très beaux personnages féminins comme Aralé, gamine robot aux superpouvoirs impressionnants apparue pour la première fois dans Dr Slump, série de mangas qui a révélé l’auteur au Japon et qui est parue en France aux éditions Glénat.

Un créateur de jeux vidéo

Akira Toriyama n’était pas qu’un petit plaisantin qui s’amusait à multiplier scènes d’action et gags pas toujours très fins. Il restera aussi comme un génie du design. « Dans Dragon Ball, les véhicules et les personnages sont plus fous les uns que les autres avec une rondeur très reconnaissable, insiste Matthieu Pinon. Il était un dessinateur hors pair et on oublie souvent à quel point il a aussi marqué l’univers du jeu vidéo. »

Il a créé les personnages de Dragon Quest, un jeu si populaire au Japon que les nouvelles éditions sortent toujours un jour férié pour éviter que les gamins sèchent les cours. Le Slime bleu, mascotte du jeu qui ressemble à une goutte d’eau avec des yeux et un sourire, est devenu une icône de la culture populaire au pays du Soleil Levant.

Et maintenant ?

Peu de peu de temps avant sa mort, Akira Toriyama était en train de travailler sur un nouveau film qui lui tenait à cœur. Il planchait sur Sand Land, un road movie autour du diable et de ses complices. « Après n’avoir été longtemps que scénariste, il était ravi de se consacrer pleinement à ce projet qui se décline aussi en jeu vidéo », confie Matthieu Pinon.

Si on espère la sortie du long métrage en France, on peut déjà découvrir le manga paru chez Glénat qui sortira également une réédition couleur de Dragon Ball le 15 mai prochain. On sait que l’œuvre d’Akira Toriyama lui survivra.