Ce qu’il faut retenir de l’intervention de Judith Godrèche devant le Sénat
VIOLENCES SEXUELLES•La comédienne était entendue ce matin sur les violences sexuelles et sexistes au cinéma.20 Minutes avec AFP
Le témoignage de Judith Godrèche va-t-il connaître un relais politique ? La comédienne, à l’origine de la vague MeToo cinéma en France, a été entendue au Sénat ce jeudi par les parlementaires de la délégation au droit des femmes pendant 1h30. Elle a demandé lors de cette audition l’ouverture d’une commission d’enquête sur les violences sexistes et sexuelles dans le milieu du cinéma.
Elle est devenue une figure de proue de la lutte contre les violences sexuelles sur les enfants depuis qu’elle a porté plainte, après des décennies de silence. Au-delà du septième art, elle a rendu un hommage appuyé au juge Edouard Durand, l’ancien dirigeant de la Ciivise, cette commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, en pleine crise, et plaidé pour protéger les enfants victimes de violences sexuelles.
« Une photo du sexe d'un réalisateur français »
« Cette famille incestueuse du cinéma n’est que le reflet de toutes ces familles » touchées par ces violences, a déclaré Judith Godrèche devant la délégation sénatoriale, précisant avoir reçu 4.500 témoignages de victimes sur une adresse électronique qu’elle a ouverte à cet effet.
Sans livrer de noms, Judith Godrèche a relayé des témoignages, comme ces 200 signalements de techniciennes qui auraient toutes « reçu un selfie avec une photo du sexe d'un réalisateur français », sans leur consentement.
Sur le cinéma en particulier, elle a « demandé de constituer une commission d’enquête sur les violences sexuelles et sexistes dans le milieu du cinéma » et également « le retrait » de ses fonctions à la présidence du Centre national de la cinématographie (CNC) de Dominique Boutonnat.
Le président du CNC visé
Ce dernier a été mis en cause dans une affaire, pas encore jugée, d’agression sexuelle présumée sur son filleul de 21 ans, des accusations qu’il conteste. Il a été reconduit dans ses fonctions malgré cette affaire, au grand dam des associations féministes.
Elle a dit avoir abordé le sujet avec la ministre de la Culture Rachida Dati : « elle m'a parlé de la présomption d'innocence. J'ai répondu que ce n'était pas la question, que c'était une question de symbole », le CNC étant en charge de la lutte contre les violences sexuelles dans le cinéma.
Judith Godrèche a également demandé d' « imposer un référent neutre sur les tournages avec un mineur, un référent qui n’est pas payé par la production, qui est formé », et « qu’un enfant ne soit jamais laissé seul sur un tournage », avec « un système de contrôle plus efficace ». Elle souhaiterait aussi « un coach d’intimité pour les scènes qui impliquent » des scènes à caractère sexuel.
Une rencontre avec Macron
La ministre de la Culture Rachida Dati a dénoncé vendredi un « aveuglement collectif » qui « a duré des années » dans le milieu, deux mois seulement après que le président Macron a dit que Gérard Depardieu, mis en examen pour viols et agressions sexuelles, rendait « fière la France ».
Judith Godrèche doit-elle être reçue par ce dernier ? Le sujet a été évoqué avec Rachida Dati. « J'ai demandé s'il voulait me recevoir pour faire une photo, ou pour vraiment discuter et prendre des décisions ? (...) Pour l'instant, je n'ai été contactée ni pour la photo ni pour la discussion », a-t-elle ironisé.