Violences sexistes et sexuellesPour Vincent Lindon, le statut d’artiste ne sera jamais un totem d'immunité

MeToo du cinéma français : « Le statut d’artiste ne sera jamais un totem d’immunité », estime Vincent Lindon

Violences sexistes et sexuellesL’acteur Vincent Lindon a réagi au mouvement Meetoo qui secoue le cinéma français et a apporté son soutien aux victimes
L'acteur Vincent Lindon a apporté son soutien au mouvement Meetoo du cinéma et aux victimes.
L'acteur Vincent Lindon a apporté son soutien au mouvement Meetoo du cinéma et aux victimes. - Laurent Vu/SIPA
Anissa Boumediene

A.B.

Il a pris la parole après avoir pris le temps de la réflexion. Dans un entretien accordé ce mercredi à Ouest France, l’acteur Vincent Lindon s’est prononcé sur le mouvement #MeToo qui secoue ces dernières semaines le cinéma français.

L’acteur, à l’affiche du film Comme un fils, en salles le 6 mars, a tenu à apporter son soutien aux victimes. Selon lui, « le statut d’artiste ne sera jamais un totem d’immunité ».

« Je n’ai pas attendu #Metoo pour le penser et pour le dire »

Jusqu’à présent, il avait gardé le silence. Quelques jours après la 49e cérémonie des César, qui a accordé vendredi une place inédite aux victimes de violences sexuelles, et laissé le micro à l’actrice Judith Godrèche, rêvant d’une « révolution » en pleine vague de libération de la parole dans le cinéma français, Vincent Lindon a livré sa pensée sur le mouvement de libération de la parole qui secoue le cinéma français. Les accusations de l’actrice à l’encontre des réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, avec lesquels il a tourné, Vincent Lindon n’en avait rien dit.

Ce mercredi, il rompt le silence. « Mes frères et moi avons été éduqués par notre mère dans le culte de la femme, a-t-il déclaré à Ouest France. Face aux violences physiques, sexuelles, psychologiques, verbales qui leur sont faîtes, aucune excuse, aucune raison ne sont tolérables. Je pensais que l’on avait avancé et pourtant non, nous sommes encore à l’âge de pierre et beaucoup trop loin de l’égalité femme-homme. Je serai toujours du côté des victimes et je n’ai pas attendu #Metoo pour le penser et pour le dire », a-t-il insisté.

Le rôle des hommes, de l’Etat et des parents

Interrogé sur les mesures à mettre en œuvre pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, l’acteur a partagé des pistes qui selon lui permettraient de faire bouger les choses en profondeur. En premier lieu, il estime que « ce fléau ne doit plus être la seule préoccupation des femmes, nous les hommes devons nous inviter dans la lutte résolument, sans défaillir sur un si long chemin. Nous devons les aider à construire leur souveraineté et atteindre une égalité parfaite et ne plus jamais la remettre en cause ».

Mais pour lui, les pouvoirs publics ont aussi un rôle à jouer : « L’Etat doit prendre la mesure de ce drame sociétal et repenser entièrement le féminin », a-t-il prescrit, fustigeant « une justice qui se prononce trop lentement pour condamner ou disculper » et « une police qui ne prend pas assez au sérieux les plaintes ». L’Etat, mais aussi les parents, censés protéger « leurs adolescents », a-t-il poursuivi.

L’actrice Judith Godrèche a porté plainte à 51 ans pour viols sur mineure contre le réalisateur Benoît Jacquot, « après un long cheminement » sur sa relation quand elle avait 14 ans avec le cinéaste qui en avait 39. Pour Vincent Lindon, « le rôle de l’adulte, c’est de s’empêcher, de dire non et de se fixer des barrières, a-t-il insisté. C’est le début de tout et c’est non négociable ».