« L’Empire » : Comment Bruno Dumont revisite « Star Wars »
détournement•Le réalisateur de « Ma Loute » retrouve Fabrice Luchini pour une « Guerre des étoiles » aussi absurde que réjouissanteCaroline Vié
L'essentiel
- La Terre est menacée par les Forces du mal.
- Bruno Dumont mêle naturalisme et science-fiction avec un humour décapant.
- Camille Cottin et Fabrice Luchini en font des caisses pour le plus grand plaisir du spectateur : l’une du camp du Bien l’autre dans celui du Mal.
C’est du délire et ça fait bien fou ! Dans L’Empire, Bruno Dumont revisite à sa manière le monde de Star Wars. Oui, le Bruno Dumont du Ptit Quinquin et France s’amuse à jongler avec les codes de la science-fiction en transposant l’action du côté du Boulonnais. La Terre et les humains sont menacés par un enfant étrange autour duquel s’écharpent les habitants d’une paisible commune au bord de la Manche. Ce bout de chou blond et joufflu pourrait détruire la race humaine. Le vénéneux Jony (le débutant Brandon Vlieghe, mécanicien dans le civil au talent brut) doit composer avec Line (Lyna Khoudri) et Jane (Anamaria Vartolomei) pour tenter de sauver le bambin.
Camille Cottin dirige le camp des gentils en Reine vêtue d’un costume de Pierrot blanc à collerette et Fabrice Luchini est un mélange entre l’Empereur et Dark Vador. On se demande ce qu’il fait là après avoir débiné le réalisateur au moment de Ma Loute, l’accusant même de l’avoir castré, mais on est enchanté de le revoir, en roue libre, dans cet univers. Il réunit le monde crée par George Lucas et l’univers de Bruno Dumont dans un cocktail décapant. Même Carpentier et le Commandant Van der Veyden, les bras cassés de la Gendarmerie nationale sont là pour mener l’enquête et se révèlent toujours aussi inefficaces et hilarants.
Des sabres laser dans la campagne
Il ne faut pas croire que Bruno Dumont a copié les blockbusters de SF américains en renonçant à l’aspect naturaliste qui fait le charme de son cinéma. Les deux genres font bon ménage quand des vaisseaux spéciaux survolent la campagne ou qu’un acteur prend carrément l’allure de Chewbacca pour soutenir une belle extraterrestre. Il y a même des combats aux sabres laser dans les champs ou devant des pavillons de banlieue qu’interrompt une ménagère courroucée par le désordre dans son jardin.
L’humour est constant et les fans de Bruno Dumont seront particulièrement ravis de le retrouver dans cette veine comique qui lui réussit si bien. A une époque, des épisodes de la saga Alien étaient confiés à des cinéastes aux styles fort différents (James Cameron, David Fincher ou Jean-Pierre Jeunet). L’Empire donne vraiment envie de voir ce que Bruno Dumont serait capable de faire avec un tel terrain de jeu. Fabrice Luchini en reine alien, ça envoie du rêve non ?
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