CarrièrePourquoi Léa Seydoux dure sans mollesse

Pourquoi Léa Seydoux arrive à durer sans mollesse

CarrièreDes cinéastes nous ont expliqué ce qu’ils appréciaient chez la comédienne à l’affiche de « La Bête » de Bertrand Bonello ce mercredi
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • Léa Seydoux a inspiré de nombreux cinéastes.
  • En France comme à l’étranger, elle n’arrête pas de travailler.
  • Elle est plus exceptionnelle que jamais dans le rôle complexe d’une femme sur trois époques dans La Bête.

N’en déplaise aux jaloux, Léa Seydoux a quelque chose du rock-and-roll : elle est là pour rester. La façon dont elle dévore l’écran dans La Bête, fresque d’anticipation fascinante de Bertrand Bonello, confirme, s’il était besoin, que son talent est bien réel. Ce n’est pas seulement pour complaire à sa famille qui dirige la firme Pathé que des réalisateurs du monde entier font appel à elle.

« Léa Seydoux a un côté intemporel et moderne, explique Bertrand Bonello. Quand la caméra la regarde, il est impossible de savoir ce qu’elle pense. Elle possède un mystère. » Le réalisateur fait évoluer l’héroïne de son film sur trois époques – 1910, 2014 et 2044 – dans cette œuvre envoûtante inspirée d’un roman de Henry James. A sa place dans toutes les périodes, l’actrice de 38 ans livre une performance habitée face à George MacKay, venu remplacer Gaspard Ulliel, décédé avant le tournage. Sa prestation magnétique nous a poussés, en puisant dans nos anciennes interviews, à essayer de comprendre ce qui fascine tant chez elle depuis 2005.

Aimée à l’international

« Léa Seydoux est à la fois simple et sophistiquée », confie Cary Joji Fukanaga qui l’a transformée, pour la deuxième fois après Spectre de Sam Mendes, en James Bond Girl bien dans son temps pour Mourir peut attendre (2021). « Elle est aussi crédible dans l’action que dans la séduction. » Ce que semble avoir aussi relevé Brad Bird pour qui elle a donné la réplique à Tom Cruise dans Mission, Impossible - Protocole fantôme (2011). « Elle est la Française telle qu’on se plaît à l’imaginer et elle n’a pas peur d’y aller à fond dans les cascades. Elle est incroyablement courageuse », conte-t-il alors.

L’histoire ne dit pas si Abdellatif Kechiche, qui l’a dirigée dans le sulfureux La Vie d’Adèle, (2013) partage ce point de vue. Sont-ce les scènes très chaudes qu’elle y partage avec Adèle Exarchopoulos qui ont fait rêver Steven Spielberg au point qu’il a partagé la Palme d’or en trois entre le cinéaste (visiblement peu enchanté par cette initiative) et les actrices ? Ses rapports électriques avec Abdellatif Kechiche n’ont en rien nui à la réputation de Léa Seydoux qui a poursuivi sa brillante carrière en laissant le scandale loin derrière elle.

La comédienne a également inscrit Yórgos Lánthimos (The Lobster, 2015), Xavier Dolan (Juste la fin du monde, 2016), Thomas Vinterberg (Kursk, 2018) et David Cronenberg (Les Crimes du futur, 2022) à son tableau de chasse. « Sa curiosité dans le jeu est immense, déclare ce dernier. Son naturel à l’écran est le fruit d’un travail intense que le public ne peut imaginer. »

En France aussi

Les Français aussi sont inspirés par Léa Seydoux. « Sa sensibilité est aussi remarquable que son absence d’ego quand je lui ai demandé de se dépouiller de ses attributs de séduction pour Un beau matin », souligne Mia Hansen-Løve. Elle les a clairement retrouvés pour La Bête dont elle est l’un des atouts majeurs. Ce film exigeant et intensément beau prouve que la comédienne a encore atteint un nouveau cap de maturité dans sa manière de jouer. Et elle n’a pas fini d’étonner : on la retrouvera dans Dune, Deuxième partie de Denis Villeneuve le 28 février prochain.