« Sound Of Freedom » : Que vaut le thriller complotiste qui fait polémique ?
pschitT !•Ce succès surprise au box-office américain promu par le noyau dur de la droite américaine sort en salle ce mercrediCaroline Vié
L'essentiel
- «Sound Of Freedom », polar qui a cartonné l’été dernier aux Etats-Unis, s’inspire de l’histoire vraie de Tim Ballard qui lutte clandestinement contre l’esclavage sexuel des enfants.
- S’il ne défend aucune thèse discutable, ses soutiens conservateurs l’ont transformé en étendard pour les complotistes de QAnon.
- En France, on risque d’être déçu tant ce polar se révèle mollasson.
Ce n’est pas à ses qualités cinématographiques que Sound of Freedom d’Alejandro Monteverde doit son succès au box-office américain l’été dernier. Ce n’est qu’un polar sans relief sur une intrigue des plus convenues. Le réalisateur confiait au Los Angeles Times avoir « voulu aborder un sujet brutal sur lequel tout le monde s’accorde : l’exploitation des enfants est un crime horrible auquel il faut mettre fin. » Comment ne pas être d’accord ?
Un succès par le scandale
C’est plutôt à son parfum de scandale que le film doit sa réputation. L’histoire censée être « vraie » raconte comment un certain Tim Ballard a renoncé à sa carrière de policier pour lutter clandestinement contre l’esclavage sexuel des enfants. Le magazine Vice a levé le voile sur la vie d’un justicier apparemment loin d’être sans reproche, puisque ce Mormon, père de neuf enfants, aurait agressé des femmes et menti aux médias sur l’efficacité de ses actions. Il semblerait de plus que les faits décrits dans le film et les chiffres donnés à la fin sont contestés pour n’être aucunement étayés.
Autre source de crispation, l’acteur choisi pour interpréter ce policier dans le film n’est pas n’importe qui. Jim Caviezel, qui s’était fait remarquer dans le rôle-titre de La Passion du Christ de Mel Gibson, est un catholique intégriste, fervent adepte de l’organisation complotiste QAnon. L’acteur a par ailleurs défendu publiquement une théorie fumeuse selon laquelle une « élite » kidnapperait, torturerait et tuerait des enfants pour boire leur sang et en extraire de l’adrénochrome, un dérivé de l’adrénaline.
Pas complotiste mais pas fameux non plus
Si l’intrigue de Sound Of Freedom ne promeut aucune thèse de ce genre, les soutiens dont il a bénéficié le font aussi pencher du côté de la droite dure américaine, de Mel Gibson, producteur exécutif du film, à Elon Musk qui l’a défendu sur Twitter puis sur X. Donald Trump lui-même a organisé une projo privée du film pour son club de golf.
Ces appuis inattendus ont changé la destinée de ce polar tourné en 2018 et passé aux oubliettes avant d’en être sorti par le très conservateur Angel Studios puis, pour la France, par Saje, distributeur de Vaincre ou mourir produit par le Puy du Fou et d’Unplanned au message anti-avortement.
Et bientôt la suite
Arrive aujourd’hui sur les écrans français une œuvre sans génie tentant d’alerter maladroitement sur un sujet terrible. Son succès américain fait augurer d’une suite dans la même veine. Et ce n’est pas la seule : d’après Jim Caviezel, le tournage de La Passion du Christ : Résurrection, séquelle de La Passion du Christ (oui, vous avez bien lu !), toujours dirigée par Mel Gibson, devrait commencer en janvier prochain.
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