Festival de Cannes : Virginie Efira et Tahar Rahim dans un « Don Juan » féminin et féministe
SEDUCTION•Les deux comédiens jouent au chat et à la souris en explorant le sentiment amoureux dans un bien curieux « Don Juan », présenté à Cannes et qui sort en salle ce lundiDe notre envoyée spéciale à Cannes, Caroline Vié
L'essentiel
- Serge Bozon offre des rôles en or à Virginie Efira et Tahar Rahim dans « Don Juan ».
- Le réalisateur modernise le mythe avec la complicité de ses comédiens.
- L’amour et la séduction sont au centre de cette libre et sensible adaptation de Molière.
Virginie Efira et Tahar Rahim forment un couple superbe dans Don Juan de Serge Bozon , présenté au Certain regard du Festival de Cannes, la veille de sa sortie en salle ce lundi. Cette relecture subtile de la pièce de Molière propose d'inverser les rôles et leurs amours vont tourner au vinaigre quand elle décide de le quitter le jour même de leur mariage...
« C’est l’histoire d’un homme qui aime une femme qui l’abandonne et qui ne voit plus que cette femme partout, confie Virginie Efira à 20 Minutes. Si on voulait vraiment mettre des étiquettes marketing, on dirait que c’est un Don Juan féminin et féministe. » Epaulé par sa coscénariste Axelle Ropert, Serge Bozon explore le sentiment amoureux en analysant le besoin de séduction que ressentent ses personnages.
Un poisson qui remonte le courant
Virginie Efira multiplie les rôles en changeant d’apparence avec autant de charme que talent. Elle prend différents visages et coiffures pour hanter tourner l’homme inconsolable qui croit retrouver son amour perdu à chaque coin de rue. « Don Juan est un mythe, insiste Tahar Rahim. Même les gens qui ne connaissent pas la pièce le voient comme un séducteur manipulateur. Serge Bozon en a fait un poisson qui remonte le courant. » Cet amoureux recolle progressivement les morceaux de son cœur brisé. Mais la route qui mène à la guérison est longue et escarpée.
« Le film parle du mystère de l’amour, se demande ce que c’est que d’aimer vraiment », analyse Virginie Efira. Ces deux êtres qui s’aiment profondément ne seront peut-être jamais capables de construire quelque chose ensemble en dépit de leur bonne volonté. De très beaux passages chantés et la présence d’Alain Chamfort en Commandeur délicatement menaçant donne un relief supplémentaire à cette histoire d’amour compliquée.
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Quand les amants désunis se retrouvent sur scène pour jouer le Don Juan de Molière – lui dans le rôle-titre, elle dans celui d’Elvire – la délicatesse de Serge Bozon se fait aérienne pour filmer des acteurs en état de grâce : ils déclament aussi bien les vers que les dialogues contemporains. Les rapports entre les hommes et les femmes ont bien changé depuis l'écriture de la pièce. Le Don Juan qu’incarne Tahar Rahim devient attachant parce qu’il est cabossé. C’est aussi de la séduction qu'apporte cette fragilité que parle Serge Bozon.