«Ma famille afghane» : Quelle place pour l'héroïne de Michaela Pavlátová au pays des Talibans ?
ANIMATION•La réalisatrice tchèque Michaela Pavlátová signe « Ma famille afghane », superbe film d’animation qui interroge la place des femmes en Afghanistan, en salle ce mercredi.
Stéphane Leblanc
L'essentiel
- Ma famille afghane raconte l’histoire d’une jeune étudiante tchèque qui suit son amour d’amphi jusque dans son pays, l’Afghanistan.
- La réalisatrice Michaela Pavlátová signe un superbe film d’animation qui interroge le rôle des femmes et leur influence dans un pays dominé par les Talibans.
Quelle place pour les femmes dans l’Afghanistan d’hier ou d’aujourd’hui ? Quelles violences récurrentes leur sont-elles infligées derrière les murs de leurs foyers ? Telles sont les questions que pose Ma famille afghane, remarquable film d’animation tchèque signé Michaela Pavlátová et présenté l’an dernier à Annecy.
Remarquable film, car si le sujet n’est pas nouveau, on l’a déjà vu très bien traité dans Parvana ou Flee, la tonalité du propos est on ne peut plus délicate et le traitement on ne peut plus original. Grâce au rythme et aux effets d’une animation que la réalisatrice des courts-métrages multiprimés Reci, Reci, Reci (nommé aux Oscars en 1992) ou Tram (génial Cristal à Annecy en 2012), maîtrise sur le bout des doigts. Grâce à l’histoire surtout, signé de sa compatriote Petra Procházkova, reportrice de guerre dont l’histoire rapportée est largement inspirée de son expérience.
Retour à Prague 2001. Herra est jeune étudiante tchèque qui déteste la vulgarité des camarades de son âge. Elle en pince plutôt Nazir, un bel Afghan, qu’elle décide de suivre dans son pays quand il décide de retourner chez lui. Là-bas, à Kaboul, elle va tenter de poser et d’imposer son regard de femme européenne, sur fond de différences culturelles et générationnelles. Pas simple…
Petites joies et grands chagrins
« Pour moi, le roman de Petra Procházková est une œuvre extraordinaire et profondément humaine, raconte Michaela Pavlátová dans le dossier de presse. En s’inspirant de son propre parcours, elle a su transposer, avec un regard empreint d’une incroyable empathie, les efforts des femmes afghanes pour vivre libres dans l’Afghanistan post-Talibans, assumer un véritable et grand amour, connaître de petites joies et de grands chagrins qui méritent notre attention. On peut condamner une société, dont la religion et la politique diffèrent des nôtres, et dont le comportement des individus et des groupes s’éloigne de notre modèle, mais dès lors qu’on s’intéresse à l’âme d’êtres humains, à leurs relations familiales et à leur quotidien, on comprend mieux leurs différences. C’est pourquoi la protagoniste, forte et ambiguë, m’intéresse énormément. »
Nous aussi et c’est pourquoi on suit avec autant de curiosité que de crainte cette jeune femme qui va se retrouver confrontée à sa famille, ses voisins et tous ceux qui ne l’attendaient pas au pays des Talibans. Pour autant, Ma famille afghane est une histoire d’amour universelle, riche d’événements heureux ou malheureux, en tout cas inattendus et d’autant plus dramatiques que l’on vit dans un pays en guerre.