DRAME« La Vraie famille » d’accueil hantée par la séparation

« La Vraie famille » : Fabien Gorgeart s’inspire d'« E.T. » mais ne rend pas la séparation plus facile

DRAMEFabien Gorgeart a confié à Mélanie Thierry le rôle d'une mère de famille d’accueil qui doit se séparer de l’enfant dont elle s’occupe dans « La Vraie famille » en salle ce mercredi
«La Vraie famille» d'accueil hantée par la séparation
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • «La Vraie famille », récompensé à Angoulême, est un film bouleversant autour d’une mère et d’un enfant qu’elle doit rendre à son père biologique.
  • Mélanie Thierry trouve son plus beau rôle dans ce film sensible.
  • Le réalisateur Fabien Gorgeart a pensé à « E.T. » et s'est inspiré de sa propre enfance pour raconter cette séparation annoncée.

On comprend qu'elle puisse craquer, Mélanie Thierry, quand elle doit rendre l’enfant que l’Assistance sociale lui a confié depuis près de cinq ans à son père biologique. La Vraie famille de Fabien Gorgeart, récompensé au Festival d’Angoulême, s’inspire d’une expérience vécue par le réalisateur de Diane a les épaules.

« Ce petit garçon est arrivé dans notre famille à l’âge de 18 mois et reparti à 6 ans, confie le cinéaste à 20 Minutes. J’avais 10 ans à l’époque et j’ai mis longtemps à écrire le scénario tant cette période m’a marqué. » C’est autour de ce départ annoncé que le réalisateur articule un récit d’autant plus poignant qu’il n’a rien de manichéen.

Entre souvenirs et imagination

« J’ai puisé dans mes souvenirs mais je ne sais plus très bien ce qui est réellement arrivé et ce qui est le fruit de mon imagination », insiste Fabien Gorgeart. Il offre son plus beau rôle à Mélanie Thierry, couronnée à Angoulême, qu’il voit comme un cocktail entre sa mère et Meryl Streep. Le père du gamin (Félix Moati) comme le mari de l’héroïne ( Lyes Salem) entourent cette femme qui doit désapprendre à être la maman du petit garçon qu’on lui a confié.

« Cette histoire est un drame, pas une tragédie, précise le cinéaste. J’estime que mon film s’apparente plus à E.T. qu’à une chronique sociale. » Comme dans le film de Steven Spielberg, le spectateur sait que la séparation est inévitable, voire souhaitable pour les deux parties, mais cela ne l’empêche pas d’être déchirante. Les mouchoirs ne sont pas superflus pendant la projection.

Comme une feuille chiffonnée

La Vraie famille interroge sur l’importance des liens du sang avec une grande sensibilité. « Ma mère s’est remise ce traumatisme qui nous a permis de nous construire, reconnaît Fabien Gorgeart. C’est un peu comme une feuille de papier chiffonnée : quand on la déplie, elle n’est pas déchirée, mais il reste des marques. » Les moments de bonheur familiaux lumineux comme le déchirement progressif du retour de l’enfant chez son papa veuf suffisamment remis de son deuil pour le récupérer sont marqués du sceau de la pudeur.

« Dans la vraie vie, je n’ai jamais revu le petit garçon, mais j’ai en partie fait le film pour qu’il sache qu’on ne l’a pas oublié. J’aimerais qui le voit et qu’il me contacte, même si je peux comprendre s’il ne le souhaite pas. » La Vraie famille déborde d’amour et de générosité. On est heureux d’en avoir fait partie.