« Les Choses humaines » : Yvan Attal expose chaque point de vue dans une affaire de viol
CAS DE CONSCIENCE•Yvan Attal passionne en confrontant accusatrice et accusé dans « Les Choses humaines » au cinéma ce mercrediCaroline Vié
L'essentiel
- «Les Choses humaines » s’inspire d’un roman de Karin Tuil autour d’un viol.
- Une jeune fille accuse un garçon de bonne famille de l’avoir agressée au cours d’une soirée.
- Yvan Attal laisse le spectateur se faire sa propre opinion sur les faits que la justice tente de trancher.
Quand Yvan Attal s’attaque à un sujet grave, ça lui réussit ! Dans Les Choses humaines, découvert à Venise puis en clôture du Festival de Deauville, il renvoie dos à dos un garçon, (joué par son fils Ben) et une fille (Suzanne Jouannet qui fait ses débuts l’écran) dans une affaire de viol.
Elle accuse ce jeune homme de bonne famille de l’avoir violée lors d’une soirée étudiante. Il nie en bloc. C’est parole contre parole. « J’ai tout de suite discerné le potentiel cinématographique du roman de Karin Tuil, raconte Yvan Attal à 20 Minutes. Surtout à une époque où l’on condamne les gens en quatre secondes sur les réseaux sociaux. » Le procès qui découle de ces accusations met les jeunes gens sur la sellette, mais aussi leurs proches incarnés par Charlotte Gainsbourg, Pierre Arditi, Mathieu Kassovitz, Benjamin Lavernhe ou Audrey Dana.
Une question de points de vue
Sur un thème proche du Dernier duel de Ridley Scott, Yvan Attal choisit de ne prendre parti ni pour l’un ni pour l’autre ce qui rend son film aussi original que palpitant. « En tant que père d’une fille et de deux garçons, j’étais bringuebalé sans cesse entre les deux jeunes protagonistes et leurs parents. C’est bien ce qui confirme la nécessité de juger au tribunal et pas ailleurs. Ce n’est pas pour rien qu’il faut trente mois d’instruction avant un procès. On comprend vite que même dans une affaire de viol, rien n’est simple. » C’est toute cette subtilité qui rend Les Choses humaines très prenant, tandis que se dévoilent peu à peu les secrets et les faiblesses des deux parties.
Le récit prend alors la forme d’un thriller pour confronter les différentes versions des faits, laissant le spectateur se forger sa propre opinion. Le film parle de consentement mais aussi de pression sociale et de différences de milieu pour brosser un tableau complexe. « La vérité n’est pas toujours uniforme, constate Yvan Attal. Elle varie selon l’endroit où on se place. Moi, par exemple, je peux changer de point de vue, y compris politique. Quand je fais l’acteur et que je veux rentrer tôt pour retrouver ma famille, je suis de gauche. Alors qu’en tant que réalisateur, je suis de droite car je suis prêt à faire bosser davantage mes collaborateurs ! »
S’il plaisante dans ses déclarations, Yvan Attal aborde cette thématique avec sérieux et sobriété à l’écran. Les Choses humaines place les personnages comme le public face à leurs contradictions, ce qui en fait une œuvre très riche.