Il saute dans le vide dès la première scène. Le personnage incarné par Matthias Schoenaerts dans Sons of Philadelphia joue avec sa vie car sa propre mort l’indiffère. Le cœur du spectateur s’arrête de battre pendant quelques secondes avant de le voir revenir sain et sauf pour se trouver pris dans un jeu mortel entre mafieux.

« C’est un héros de film noir, explique le réalisateur Jérémie Guez à 20 Minutes. De ceux qui sont marqués d’avance par le destin et dont on se doute qu’ils ne vont pas vivre vieux. » Le cinéaste français s’est basé sur Un Amour fraternel, un roman de Peter Dexter, pour raconter l’histoire de deux cousins déchirés entre haine fratricide et loyauté familiale face à la mafia.

Une force tranquille

Joel Kinanman , en gangster soupe au lait, voire un brin psychopathe, donne la réplique à Matthias Schoenaerts massif et taiseux dans ce film intense présenté aux festivals de Deauville et de Reims Polar. « Matthias dégage une force tranquille qui fait qu’il n’a pas besoin de parler pour en imposer », précise le réalisateur. Ce côté monolithique rend particulièrement émouvante chaque réaction d’un homme blessé par une existence sordide dans un milieu où il ne fait pas bon de montrer la moindre faiblesse. Dans ce monde d’homme, seule une amie d’enfance récemment revenue en ville ( Maika Monroe) apporte une touche féminine.

Eviter les clichés

« Matthias ne voulait pas risquer de tomber dans le cliché, souligne Jérémie Guez. Il a énormément travaillé le phrasé et la gestuelle du personnage pour en communiquer la complexité. » Cet homme traumatisé depuis l’enfance tente de trouver sa place entre petite délinquance et obligations mafieuse dans une ville écrasante. « Ce n’est pas une petite frappe ordinaire mais un homme torturé ce qui le rend encore plus redoutable. » Le côté suicidaire du héros ne fait que souligner la menace qu’il représente.

Taciturne et indémodable

La douleur permanente qu’exsude le héros se communique au film tout entier. Matthias Schoenaerts magnifié par la réalisation de Jérémie Guez. « C’était passionnant de le voir élaborer chaque détail de son rôle, se souvient ce dernier. Matthias Schoenaerts semble être né pour jouer ce type de personnages taciturnes et totalement indémodables. Il pourrait être à sa place dans n’importe quelle époque. » Sa prestation impressionnante imprègne Sons of Philadelphia dont elle constitue un atout aussi séduisant que vénéneux.