« Gloria Mundi » : Ariane Ascaride et Robert Guédiguian célèbrent la famille à leur façon (engagée)
SOLIDARITE•Ariane Ascaride et Robert Guédiguian ont réuni leurs complices habituels pour « Gloria Mundi » au cinéma ce mercrediCaroline Vié
L'essentiel
- Une famille marseillaise tente de survivre à la précarité.
- Soutenus par Ariane Ascaride, tous ses membres essayent de trouver leur place dans une société hostile.
- La comédienne a reçu le prix d’Interprétation de la Mostra de Venise pour son rôle puissant.
Ils sont venus, ils sont tous là. Les complices habituels de Robert Guédiguian sont réunis dans Gloria Mundi qui a valu un prix d’interprétation à l’actrice Ariane Ascaride à la Mostra de Venise. Elle est vibrante en grand-mère attentionnée de Gloria, nouvelle née qui donne son titre au film.
« C’est vrai que nous faisons un cinéma familial et je considère cela comme un compliment » déclare Ariane Ascaride à 20 Minutes. Elle émeut en maman et grand-maman déterminée à protéger ses proches incarnés par des fidèles de la « bande à Guédiguian ». Jean-Pierre Darroussin, ici en époux tendre, et Gérard Meylan, en ex-petit ami sortant de prison après des années et découvrant à quel point le monde a changé, travaillent avec eux depuis leurs débuts. On peut le constater dans le coffret contenant l’ intégrale Guédiguian qui vient de sortir en DVD chez Diaphana.
Unis devant la caméra
Le cinéaste filme Ariane Ascaride avec un amour puissant qui se communique à l’œuvre tout entière. « Je me laisse aller quand je suis filmée par Robert », reconnaît l’actrice, épouse du réalisateur à la ville. Il magnifie aussi les autres comédiens. « Une famille de cinéma, ça se fonde progressivement, explique Robert Guédiguian. Ça s’élargit en cercle concentrique. » Anaïs Demoustier, Lola Neymark, Robinson Stévenin et Grégoire Leprince-Ringuet sont venus les rejoindre pour cette belle histoire cruelle autour de braves gens tentant de survivre à la précarité.
Au cœur de Marseille
La vie n’est pas facile pour les héros. « Leur famille vole en éclat en perdant sa solidarité malgré les efforts de la mère que j’incarne », commente Ariane Ascaride. Pour survivre, les plus jeunes se transforment en esclaves ou en maîtres d’une ubérisation progressive du travail. « Chacun ne pense plus qu’à lui-même », soupire Ariane Ascaride. Le spectateur de Sorry We Missed You pouvait se rassurer en se disant que l’action du film de Ken Loach se déroule en Angleterre. C’est bien en France, à Marseille, que se passe celle de Gloria Mundi.
Secouer le public
« Je n’ai pas voulu désespérer les gens, mais j’ai bel et bien voulu les secouer », reconnaît Robert Guédiguian. Secoué, on l’est constamment quand le personnage d’Anaïs Demoustier se voit malmené par son employeuse ou que celui d’Ariane Ascaride ne peut accéder à son poste bloqué par des grévistes. « Les gens ne se serrent plus les coudes, même en famille, soupire Ariane Ascaride. C’est l’une des choses les plus terribles du monde d’aujourd’hui. » La « bande à Guédiguian » est restée solidaire pour ce beau film militant aux couleurs du temps.