COMEDIEChiara Mastroianni, la belle infidèle de la « Chambre 212 »

« Chambre 212 »: Les drôles d'infidélités de Chiara Mastroianni face à l'usure du couple

COMEDIEChiara Mastroianni quitte son mari et le retrouve, vingt-cinq ans plus jeune, dans la « Chambre 212 » de l’hôtel qui fait face à l'appartement conjugal. A voir au cinéma dès ce mercredi
Stéphane Leblanc

Stéphane Leblanc

L'essentiel

  • Chiara Mastroianni tourne son sixième film sous la direction de Christophe Honoré.
  • « Chambre 212 » est un film rythmé et amusant, entre vaudeville moderne et comédie du remariage à l'américaine.
  • L'actrice a pour partenaire son ancien mari, Benjamin Biolay, mais aussi Vincent Lacoste qui incarne ce même époux, mais avec vingt-cinq ans de moins.

Elle est libre, insolente et dévergondée, Chiara Mastroianni en épouse infidèle dans Chambre 212, le nouveau film en forme de comédie irrésistible de Christophe Honoré. Son personnage ne manie pas la langue de bois quand elle confirme les doutes de son mari tombé sur le texto coquin d’un autre.

« C’est la loi des couples qui durent, lance-t-elle. Personne n’y échappe ». Lui : « Sauf que moi je ne t’ai jamais trompée en 25 ans ». Et la voilà qui passe le pas (de la porte) et s’installe dans l’hôtel d’en face, chambre 212, où l’attend son futur-ex avec vingt-cinq ans de moins, sous les traits de Vincent Lacoste : « Autant dire que je désapprouve totalement ton attitude. »

Ce « cliché féminin qui se comporte comme un cliché masculin », comme Chiara Mastroianni qualifie le personnage qui lui a valu un prix d'interprétation à Cannes, n’est pas au bout de ses surprises. « Richard, comment peux-tu être aussi jeune ? » « Et toi aussi dégueulasse une fois devenue vieille ? » Les répliques fusent et ne s’arrêtent plus. La nuit verra défiler une constellation d’amants et de souvenirs, comme autant de feux pas toujours bien éteints.

Peur de décevoir

Le plus drôle, c’est que Benjamin Biolay, qui joue le mari de Chiara Mastroianni, est aussi son ancien époux dans la vie. Des liens qui créent forcément de la complicité. « C’est vrai que tourner avec son ancien mari, ce n’est pas rien, confie l’actrice à 20 Minutes. Mais en même temps, c’était pour moi un partenaire comme un autre. Christophe Honoré m’a demandé si le fait de le choisir pour jouer mon mari me mettait mal à l’aise ? Non, pas du tout. J’ai continué à voir Benjamin, à faire de la musique avec lui, ou des choses qui font peur comme des concerts. Il a toujours été très attentionné. Alors tourner avec lui, pensez donc, je n’avais aucune appréhension. »

De l’appréhension, il y en avait presque plus vis-à-vis de Christophe Honoré qui signe avec Chiara Mastroianni son sixième film, le premier depuis Les Bien aimés en 2011. « Ah oui, je ne les ai pas comptés. C’est vrai que plus on avance ensemble, plus j’ai peur de le décevoir, explique-t-elle. On s’entend bien avec Christophe, il y a un climat de confiance très fort entre nous deux, ce qui permet d’évacuer plein de choses d’emblée. Mais si on s’entend bien, c’est parce que dans la vie on ne se fréquente pas. Il n’aurait plus envie de me faire tourner autrement. » Toujours cette idée du désir qu’il faut savoir renouveler pour le préserver, « y compris dans le travail »…

Comédie du remariage

En tout cas, le réalisateur ne se force pas pour apprécier son actrice, vu l’importance de certains rôles qu’il lui a confiés. Celui de Chambre 212, comme auparavant celui de Non ma fille tu n’iras pas danser (2010). A chaque fois, il dégage du personnage, « qui ne me ressemble jamais, ni de loin, ni de près », estime Chiara Mastroianni, un mélange de force et de faiblesse qui la rend toujours très crédible. Cette fois dans le rôle d’une femme prête à rater, sentimentalement parlant, le virage de ses 45 ans.

En badigeonnant sa Chambre 212 de motifs hauts en couleurs tout en lui imposant un rythme extrêmement soutenu, Christophe Honoré signe là un de ses meilleurs films, du moins le plus drôle et le plus inattendu. Une comédie du remariage, comme on disait dans le cinéma hollywoodien des années 1930-40. « Un soir, je me suis retrouvé devant The Awful Truth de Leo McCarey (1937), écrit-il dans le dossier de presse. Irene Dunne et Cary Grant en mariés infaillibles d’après divorce. Voilà combien d’années que tu vis en couple, me suis-je demandé ? La nuit même, je me suis mis à écrire, avec impatience et bonheur. » Le résultat ? Cette Chambre 212 qui a le don de faire rire et réfléchir simultanément sur le temps qui passe et qui use, si l’on n’y prend pas garde, n’importe quelle relation entre amants ou époux.