Gérard Darmon : « Je ne suis pas qu’un acteur comique »
INTERVIEW•Gérard Darmon évoque pour « 20 Minutes » sa carrière d'acteur de comédie et son rôle de retraité qui se lance dans des combats de boxe clandestins dans « Vous êtes jeunes, vous êtes beaux », en salle ce mercrediCaroline Vié
L'essentiel
- Gérard Darmon, qui s’est distingué en dansant la Carioca avec Alain Chabat à Cannes en mai dernier, émeut dans « Vous êtes jeunes, vous êtes beaux » en retraité désargenté.
- Le comédien donne la réplique à Denis Lavant, Josiane Balasko et Patrick Bouchitey sur fond de combat de boxe entre vieillards.
On avait quitté Gérard Darmon à Cannes en train de danser la Carioca avec Alain Chabat pour célébrer les 25 ans de La Cité de la peur...
On le retrouve dans Vous êtes jeunes, vous êtes beaux de Franchin Don où son personnage participe à des combats de boxe clandestins en une espèce de fight club pour vieillards tentant d’arrondir leur retraite. Entre comédie grinçante et drame du troisième âge, ce film original inspiré de A Nos pères de Tarik Noui (éd. Inculte) permet au comédien septuagénaire de donner la réplique à Josiane Balasko, Patrick Bouchitey et Denis Lavant.
Une histoire au goût de politesse du désespoir offre un rôle superbe à Gérard Darmon qui s’est confié à 20 Minutes à quelques jours de la sortie du film.
Quel souvenir gardez-vous de la Carioca à Cannes, le 16 mai dernier ?
C’est l’un des plus beaux moments de ma carrière. Au début, Alain Chabat et moi ne voulions pas le faire. On était d’accord sur ce point. Puis, on s’est rappelé et on s’est dit qu’il fallait qu’on rende à cette Carioca ce qu’elle nous avait apporté. On a pensé qu’il ne fallait pas qu’on se réveille le 17 mai avec le regret de ne pas l’avoir fait.
Vous en gardez un bon souvenir ?
A un moment, la lumière s’est rallumée et le public s’est mis à crier « Remboursez nos invitations » comme dans le film, parce qu’il croyait à un incident technique : c’était magique. On aurait été des idiots de les priver – et de nous priver — de ce moment-là ! D’autant plus que le film n’a pratiquement pas vieilli. Je suis étonné de voir à quel point il fait toujours rire.
Avez-vous l’impression d’être une icône de la comédie française ?
Je ne suis pas qu’un acteur comique. Ce serait réducteur. J’ai parfois l’impression que cette image – qui ne veut pas dire grand-chose - intimide les réalisateurs au point d’hésiter à me proposer autre chose. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai été emballé par Vous êtes jeunes, vous êtes beau. On m’y offrait un grand premier rôle.
Qu’est-ce qui vous a touché dans cette histoire ?
Il y a tout ce que j’aime dans ce film. C’est une merveilleuse histoire d’amour qui montre que les vieux peuvent avoir une sexualité et de la vitalité et qui parle de sujets peu abordés comme la fin de vie et la solitude. Franchin Don a su exprimer cela sans effets mélodramatiques.
Vous avez suivi un entraînement drastique ?
En fait, j’ai surtout pris dix kilos. Le réalisateur nous a filmés avec suffisamment de talent pour donner l’impression que nous en faisons beaucoup plus que dans la réalité. Ces combats de vieux ont quelque chose de poignant, voire d’obscène. Se retrouver sur ce tatami au milieu des figurants était impressionnant.
Quel a été le plus difficile pour vous ?
La scène où on me voit nu, de dos, dans le vestiaire. J’ai hésité, mais n’ai pas souhaité être doublé. S’il doit y avoir des quolibets, je veux que ce soit sur mon corps à moi, pas celui d’une doublure. C’est une question de dignité, de conscience professionnelle.
Comment voyez-vous votre avenir ?
Je souhaite déjà que Vous êtes jeune, vous êtes beaux trouve son public ! Je pense qu’il peut plaire à toutes les tranches d’âges par sa tendresse et ses personnages attendrissants. Pour le reste, je suis dans l’expectative. Je voudrais écrire un « seul en scène » et refaire un quatrième album. Je suis plein d’énergie.