«Roubaix, une lumière»: Pourquoi Arnaud Desplechin a réussi un grand polar
SUSPENSE•Le réalisateur s’inspire d’un fait-divers authentique pour fasciner le spectateur dans son nouveau long-métrage, en salles le 21 aoûtCaroline Vié
L'essentiel
- Arnaud Desplechin signe son premier polar avec Roubaix, une lumière.
- Il s’inspire d’un documentaire autour d’un vrai fait-divers pour cette histoire de meurtre dans sa ville natale.
- Roschdy Zem se révèle impressionnant de charisme en policier flegmatique.
- Léa Seydoux et Sara Forestier surprennent en lesbiennes paumées.
Arnaud Desplechin surprend avec Roubaix, une lumière présenté à Cannes cette année. Contre toute attente, le réalisateur, plus connu pour ses chroniques intimistes comme Rois et reine (2004), Un conte de Noël (2008) ou Trois souvenirs de ma jeunesse (2015), signe un polar passionnant.
« Ce sont des tragédies humaines qui se confrontent au commissariat, explique le cinéaste. Elles m’intéressent plus que l’aspect lié au suspense. » N’en déplaise à son réalisateur, le film qui envoie des flics enquêter sur le meurtre d’une vieille dame possède tous les atouts d’un bon thriller. 20 Minutes explique pourquoi.
Retrouvez nos articles sur Cannes ici
Il s’inspire d’un fait divers fascinant
Arnaud Desplechin a été marqué par l’agression mortelle subie par Micheline Demesmaeker en 2002 et, plus encore, par le documentaire de Mosco Boucault Roubaix, commissariat central, Affaires courantes, diffusé sur France 3 en 2008 qui présentait les différents protagonistes de cette affaire. S’appuyer sur le réel lui permet de bâtir une intrigue passionnante.
Il réunit un duo d’actrices étonnant
Léa Seydoux et Sara Forestier composent avec talent un couple de lesbiennes marginales d’abord interrogées comme témoins par les policiers. La reconstitution du crime à laquelle elles doivent participer est l’une des scènes les plus brillantes du film. Elle laisse le spectateur bouche bée par sa violence larvée. Rarement on aura eu autant l’impression d’assister à un meurtre brutal sans qu’il soit réellement montré à l’écran.
Il excelle à diriger Roschdy Zem
Il y a quelque chose de Denzel Washington dans la performance sensible et forte de Roschdy Zem. L’acteur se révèle meilleur de film en film. Il est écrasant de présence dans la peau d’un policier désabusé mais compréhensif, flanqué d’un adjoint incarné par Antoine Reinartz. La qualité de la direction d’acteurs d’Arnaud Desplechin saute aux yeux quand il filme son héros dans son quotidien entre enquêtes, lectures philosophiques et paris hippiques.
aIl filme dans sa ville natale
Ce n’est pas la première fois que le réalisateur montre sa ville natale dans un film. Il la révèle ici en petite tenue, dans son intimité parfois sordide. Dans ce décor qu’il connaît bien, Arnaud Desplechin fait partager l’existence d’êtres que la vie n’a pas épargnés. L’émotion qui affleure de son film est si puissante qu’elle semble imprégner les pierres de la cité. Roubaix, une lumière ne s’éteint pas rapidement dans la tête du spectateur.