Tim Burton s'est approprié «Dumbo» entre «respect et impertinence», selon son producteur
DVD•Derek Frey, producteur complice de Tim Burton, revient sur les rapports du cinéaste avec les studios Disney à l’occasion de la sortie en DVD de «Dumbo»Caroline Vié
L'essentiel
- Dumbo, de Tim Burton, sort en vidéo ce vendredi 23 août.
- Le réalisateur a bénéficié d’une grande liberté de la part de Disney pour adapter le dessin animé, et a notamment pu égratigner les parcs d’attractions comme Disneyland.
- Le film a été mieux reçu en France qu’aux Etats-Unis.
Dans sa version de Dumbo, sortie en DVD ce vendredi, Tim Burton assaisonne le classique animé Disney de 1941 à sa sauce. Plus sombre que l’original, son conte sur l’éléphanteau volant égratigne les multinationales et les parcs d’attractions.
« Le succès d’Alice au pays des merveilles a convaincu les studios Disney qu’il était l’homme de la situation pour Dumbo, explique le producteur Derek Frey à 20 Minutes. Tim est un grand fan de Disney qui sait trouver l’équilibre entre respect et impertinence pour ses adaptations. » Au point qu’il a bénéficié d’une liberté totale, quitte à donner l’impression de mordre la main qui le finance en se moquant de la firme de Mickey.
Une histoire avec Disney
Entre Tim Burton et les studios Disney, l’histoire ne date pas d’hier, puisque c’est là que le cinéaste a fait ses premières armes, dans le département animation, au début des années 1980. « Leurs rapports ont été longtemps conflictuels, insiste Derek Frey, qui collabore avec le cinéaste depuis Les Noces funèbres (2005). Aujourd’hui, Tim a su imposer un style si personnel que ceux qui lui confient un projet savent à quoi s’attendre de sa part. » Notamment à perdre une bonne partie du côté « mignon » du film de 1941. « Le studio souhaitait moderniser Dumbo en lui apportant un côté moins lisse ainsi qu’un message contre l’asservissement des animaux », insiste Derek Frey.
Aucune pression de Disney
Tim Burton ne s’est pas fait prier pour s’approprier Dumbo, s’entourant notamment d’acteurs complices comme Colin Farrell, Eva Green, Danny DeVito et Michael Keaton. Il va jusqu’à s’en prendre ouvertement à un parc de loisirs qui évoque Disneyland et qu’il fait flamber à la fin de son film. « Il ne faut pas oublier que ce type de fêtes foraines était également une cible dans Pinocchio en 1940, se souvient Derek Frey. Tim n’a fait que perpétuer cette tradition. Personne, chez Disney, n’y a vu une attaque contre leurs parcs » Selon le producteur, le cinéaste n’a subi aucune pression pour adoucir son récit ou édulcorer sa charge à l’encontre des divertissements formatés. « Tout était clair dès le départ, martèle-t-il. Sinon Tim ne se serait pas intéressé au projet. »
Populaire en France
Au final, le film a séduit les spectateurs français et quelque peu déçu les Américains. « Tim bénéficie d’une popularité particulière en France, peut-être parce que son esprit mordant correspond à votre mentalité », insiste Derek Frey. Dumbo, œuvre à la fois respectueuse du dessin animé et profondément personnelle, mérite de connaître un nouveau succès en vidéo. (DVD : 20 euros, Blu-Ray : 25 euros)