POLÉMIQUELa nomination de Roman Polanski à la Mostra de Venise fait débat

Roman Polanski, seulement deux réalisatrices... La programmation de la Mostra de Venise fait débat

POLÉMIQUELe festival du film de Venise est critiqué pour n'avoir sélectionné que deux réalisatrices. Le réalisateur Roman Polanski, toujours accusé de viol, est également dans la sélection
Roman Polanski à la Cinémathèque le 30 octobre 2017
Roman Polanski à la Cinémathèque le 30 octobre 2017 - Francois Mori/AP/SIPA
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La polémique gronde après que le festival international du film de Venise a dévoilé la sélection officielle de sa 76e édition ce 25 juillet. Parmi les 21 longs-métrages sélectionnés, deux seulement sont réalisés par des femmes. Et le réalisateur controversé Roman Polanski a également été nommé.

La présence de deux femmes – Haifaa Al Mansour avec The Perfect Candidate et Shannon Murphy avec Babyteeth - « est un progrès par rapport aux deux dernières éditions, qui n’en contenaient qu’une, rappelle le site Deadline. Mais même Cannes a réussi [à en sélectionner] quatre cette année. ll y en avait sept à Berlin. »

Le J’accuse de Polanski sur l’affaire Dreyfus sélectionné

Le directeur artistique du festival, Alberto Barbera, a répondu à cette partie de la polémique en soulignant que la moitié des films de la sélection parallèle Horizons sont réalisés par des femmes, et qu’une grande partie des films qui seront présentés cette année portent sur des personnages féminins. La Mostra de Venise s’est déjà vue reprocher l’an dernier le manque de femmes dans sa sélection par plusieurs activistes, notamment le réseau European Women’s Audiovisual. Le festival s’est engagé à respecter la parité dans ses équipes et dans la récolte de données, mais pas dans sa sélection.

A cela s’ajoute donc la sélection du film de Roman Polanski, J'accuse, sur l'affaire Dreyfus. Le réalisateur du Pianiste est accusé d’avoir drogué puis violé une adolescente de 13 ans dans la maison de Jack Nicholson en 1977. Il a admis une relation sexuelle après que les autres chefs d’accusation plus graves eurent été abandonnés, et a passé 42 jours en détention avant d’être relâché sous caution. Il a ensuite fui en France en 1978 et n’est jamais revenu aux Etats-Unis. Il est également accusé de viol par trois autres femmes. En 2010, l’actrice britannique Charlotte Lewis avait déclaré que le réalisateur l’avait forcée à avoir une relation sexuelle lorsqu’elle avait 16 ans. Une troisième femme, identifiée comme « Robin », avait accusé en août le réalisateur d’agression sexuelle lorsqu’elle avait tout juste 16 ans, en 1973. En 2017, l’actrice allemande Renate Langer a également accusé Roman Polanski de l’avoir agressée à Gstaad, en Suisse, en 1972.

Exclu de l’acamédie des Oscars en 2018

Annoncé depuis des années, initialement sous le titre D, le film sur l’affaire Dreyfus a été repoussé à plusieurs reprises. Roman Polanski avait notamment souligné en 2013 être intéressé par l'« insistance avec laquelle les médias (et) l’Armée » n’avaient pas voulu « admettre leur erreur » dans cette affaire, y voyant un écho à sa propre histoire. Persona non grata aux Etats-Unis depuis plusieurs années, le réalisateur a été exclu de l'Académie des Oscars en 2018, à cause de ses crimes présumés. Il reste bien accueilli dans les festivals européens, et était même sélectionné à Cannes en 2013, « même si c’était avant l’affaire Weinstein et les mouvements MeToo et Times Up », qui ont provoqué un début de prise de conscience sur le sexisme dans le cinéma, note Deadline.

Sur la présence de Polanski, Alberto Barbera, le directeur artistique de la Mostra, a répondu que J’accuse montre le réalisateur « au sommet de son art. Il est l’un des grands maîtres du cinéma européen, et il a plus de 80 ans. A son âge, il est en mesure de faire un film qui est une extraordinaire reconstruction d’un événement historique. » Alberto Barbera a déjà affirmé qu’il voulait « séparer l’homme de l’artiste », rappelle Deadline, lorsque le festival du film de Venise avait été pointé du doigt en 2017 pour avoir invité le réalisateur américain James Toback, accusé de harcèlement sexuel par plusieurs dizaines de femmes.