Festival de Cannes: Les pronostics de «20 Minutes» à quelques heures de la palme
PALMARES•Face à une édition d'une qualité exceptionnelle, «20 Minutes» jauge les chances de chacun des films en compétition à quelques heures de la remise de la palme par le jury d'Alejandro Gonzales InarrituS.L. et C.V.
De nos envoyés spéciaux à Cannes, Stéphane Leblanc et Caroline Vié
Peut-on oser des pronostics avant la cérémonie qui sera retransmise dès 19h15 en clair sur Canal+ et sur Dailymotion ? La qualité de la compétition, très riche, pour cette 72e Festival de Cannes permet d’envisager plusieurs candidats, avec leur probabilité de les retrouver au palmarès du jury d’Alejandro González Iñárritu.
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La Palme d’or à Bong Joon-Ho, Terrence Malick ou Pedro Almodóvar
« Parasite » de Bong Joon-ho : 35 % de chance
La comédie grinçante du Coréen Bong Joon-ho a conquis la Croisette. Parasite organise le choc entre deux familles, l’une riche, l’autre pauvre, dans une superbe maison. Comme l’an dernier avec Une affaire de famille, le jury pourrait récompenser un film inventif qui flirte vers le cinéma de genre pour évoquer des problèmes sociaux d’une brûlante actualité, partout dans le monde.
« Une vie cachée » de Terrence Malick : 35 % de chance
Après la Palme d’or remportée en 2010 avec The Tree of Life, Terrence Malick peut espérer orner sa cheminée d’un deuxième trophée pour Une vie cachée. L’histoire vraie d’un objecteur de conscience autrichien prêt à sacrifier sa vie pour ses idées pendant la Seconde Guerre est suffisamment épique, lyrique et mystique pour faire vibrer le président Iñárritu.
« Douleur et gloire » de Pedro Almodovar : 30 % de chance
Depuis le temps que Pedro Almodóvar attend la Palme d’or, on aimerait la lui voir décerner pour Douleur et gloire, réflexion sur la création autour d’un cinéaste qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Mais la concurrence est rude ce qui diminue ses chances de l’emporter malgré les qualités d’un film pudique et émouvant.
Le prix de la Mise en scène à Elia Suleiman, Ladj Ly ou Kleber Mendonça Filho
« It Must Be Heaven » d’Elia Suleiman : 50 % de chance
Elia Suleiman signe une fable politique qui déclenche une douce hilarité, entre Buster Keaton et Jacques Tati. DansIt Must Be Heaven, son humour poétique fait des étincelles. Entre Nazareth, New York et Paris, le réalisateur palestinien orchestre une série de gags sans paroles pour dénoncer la violence et l’absurdité du monde. Sa mise en scène est une merveille de précision.
« Les Misérables » de Ladj Ly : 30 % de chance
Pour un premier film, Les Misérables est un coup de maître qui rappelle, vingt ans après, la déflagration qu’avait provoqué La Haine, sur la situation d’abandon des banlieues. Le film de Mathieu Kassovitz était reparti de la Croisette avec le prix de la Mise en scène, que Ladj Ly mérite tout autant cette année.
« Bacurau » de Kleber Mendonça Filho : 20 % de chance
Le film ne fait pas partie des favoris des festivaliers, loin de là, mais notre petit doigt nous dit que cette farce jubilatoire où de riches américains s’achètent un village reculé du Brésil pour servir de terrain de chasse à l’homme pourrait séduire le président mexicain Inarritu, ainsi que le juré Yorghos Lanthimos, qui avait traité ce même sujet d’une manière radicalement différente dans Lobster.
Le prix du Scénario à Ken Loach, Quentin Tarantino ou Mati Diop
« Sorry We Missed You » de Ken Loach : 50 % de chance
Ken Loach n’a pas son pareil pour évoquer l’injustice sociale dans laquelle sont plongés la plupart des gens aujourd’hui. Cette fois, il s’attaque à l’ubérisation du monde du travail qui ne manquera pas de faire des victimes. Le dernier quart d’heure de Sorry We Missed You justifierait un prix à lui seul. Le destin d’un livreur de colis et de sa famille y connaît des développements intenses et effroyables, autant pour eux que pour les spectateurs.
« Once Upon A Time… In Hollywood » de Quentin Tarantino : 35 % de chance
Quentin Tarantino a toujours été un as du scénario et celui de Once Upon A Time... In Holllywood ne déchoit pas dans sa filmographie, tant le film est drôle, captivant, trépident. Le réalisateur s’est carrément fendu d’une lettre pour demander qu’on ne spoile pas son histoire sur un acteur alcoolique (Leonardo Di Caprio) et sa doublure/nounou (Brad Pitt) pris dans la tourmente d’une histoire diabolique.
« Atlantique » de Mati Diop : 15 % de chance
Pour un coup d’essai, « Atlantique » est coup de maître : une autre façon de parler des migrations, à travers une fable poétique et fantastique. La jeune réalisatrice Franco-Sénégalaise a séduit la Croisette avec ce premier film très bien écrit, que 20 Minutes verrait bien figurer au palmarès, et pas seulement parce que c’est « un film de femme noire africaine »…
Le prix d’interprétation féminine à Adèle Haenel/Noémie Merlant, Virginie Efira ou Ophélie Bau
Adèle Haenel et Noémie Merlant dans « Portrait d’une jeune fille en feu » : 80 % de chance
Difficile d’imaginer le prix d’interprétation féminine échapper au duo Adèle Haenel et Noémie Merlant, incandescentes et bouleversantes dans Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, sur une brève histoire d’amour lesbienne dans la France du XVIIIe siècle. 20 Minutes a adoré ce film et ses interprètes, merveilleusement dirigées. Et Xavier Dolan également.
Virginie Efira dans « Sibyl » : 15 % de chance
L’actrice est de tous les plans dans Sybil. Elle commence comme psychiatre tentée de s’inspirer de la vie d’une de ses patientes pour écrire un roman, avant de se retrouver sur un tournage, pour servir de doublure dans un film dont elle termine le tournage à la place de la réalisatrice… Le nouveau film de Justine Triet, après Victoria, souffre peut-être de petites longueurs scénaristiques, mais la performance de Virginie Efira est en tout point remarquable.
Ophélie Bau dans « Mektoub My Love : Intermezzo » : 5 % de chance
Déjà nommée aux César, l’actrice principale de la saga Mektoub My Love mériterait une récompense pour l’intégralité de sa performance dans le second volet des aventures d’un groupe de jeunes adultes aux prises avec leurs désirs naissants, et pas seulement pour la scène de cunnilingus de treize minutes qui a enflammé la Croisette. Ophélie Bau est de la graine dont poussent les stars.
Le prix d’interprétation masculine à Antonio Banderas, Pierfancesco Favino ou Roschdy Zem
Antonio Banderas dans « Douleur et gloire » : 50 % de chance
Le comédien trouve l’un des meilleurs rôles de sa carrière en sosie de Pedro Almodovar dans Douleur et gloire. Antonio Banderas est donné gagnant à moins qu’il ne partage la Palme avec Almodóvar comme Lea Seydoux et Adèle Exarchopoulos l’avaient fait avec Kechiche pour La Vie d’Adèle. Sa composition exceptionnelle en cinéaste au bout du rouleau est une merveille de sensibilité.
Pierfrancesco Favino dans « Le traître » : 30 % de chance
Pierfranceco Favino incarne de façon somptueuse le mafioso repenti Massimo Buschetta dans Le traître de Marco Bellocchio. Sa prestation toute en nuances a fasciné la Croisette tant il a su restituer la personnalité complexe de cet homme qui aida le juge Falcone à mettre fin à l’hégémonie de la mafia dans l’Italie des années 1980.
Roschdy Zem dans « Roubaix, une lumière » : 20 % de chance
Qu’il est épatant Roschdy Zem dans Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin. Son personnage de flic flegmatique est l’un des atouts majeurs de ce polar qui le voit enquêter sur le meurtre d’une vieille dame dans le Nord de la France. On aimerait voir récompenser cet acteur solide qui apporte une humanité palpable à un flic touchant et bienveillant, bien dans l’air du temps.