Robin Renucci: «Le festival de Cannes représente l'ego du cinéma dans ce qu’il a de pire»
INTERVIEW•L’acteur Robin Renucci, qui joue le maire de la série « Un village français », préside un jury consacré à la création sonore au Festival de CannesCaroline Vié
L'essentiel
- Robin Renucci, acteur connu pour son rôle de maire dans la série « Un Village français » préside à Cannes un jury consacré à la création sonore dans les films.
- L’acteur considère que le traitement du son est un acte politique et estime que le Festival de Cannes représente ce qu’il y a de pire pour l’ego dans la profession.
De notre envoyée spéciale à Cannes, Caroline Vié
Robin Renucci, qui joue le maire de la série Un village français, s’engage à fond pour le son ! Le président du jury de la meilleure création sonore remettra ce vendredi son prix parmi les dix-huit films d’Un Certain Regard. Et ce n'est pas un hasard s'il a accepté ce rôle.
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Un acte politique
« Le traitement du son est un choix politique, explique le comédien à 20 Minutes. Il y a le silence des riches et le bruit des pauvres. » Le jury qu’il préside ne récompense pas la musique d’une œuvre mais l’intégralité de la bande-son. « L’oreille n’a pas de paupière, explique l’acteur. Contrairement à l’œil, elle est sans défense. Il est donc important de différencier les auteurs qui cherchent à communiquer par le son ou à aliéner le spectateur en l'utilisant. »
Robin Renucci, acteur engagé, ne dissocie pas la qualité de film de celle de sa bande-son citant pour exemple Taxi Driver où Martin Scorsese fait aussi ressentir la violence par l’univers sonore qui entoure son héros. « Le son doit compléter l’image », insiste Robin Renucci.
La pêche aux pigeons
Aujourd'hui, l’acteur préfère le théâtre et la télévision au cinéma. « J’aime le métier mais pas la profession où tout est basé sur l’argent et le commerce au lieu de se centrer sur le partage, confie-t-il. Cannes représente l'ego du cinéma dans ce qu’il a de pire. » Avec les Tréteaux de France, compagnie théâtrale itinérante qu’il dirige ou des téléfilms de grande qualité tels que Le Silence des églises, Robin Renucci prétend défendre "sa" conception de l’art. « Je suis contre la "pêche aux pigeons", comme je l'appelle, ce mépris du public qui a trop cours aujourd’hui. Je préfère m’intéresser à des créateurs singuliers comme ceux que l’on trouve dans la section Un Certain Regard. » Parmi ces films à la fois très créatifs et moins exposés à la vindicte des festivaliers, on est impatient de découvrir lequel aura les faveurs de son jury.