FAN DEA Cannes, le fair play s'affranchit de l'esprit de compétition

Festival de Cannes: Dolan, Almodovar, Tarantino... Le fair play des cinéastes plus fort que l'esprit de compétition

FAN DECertains cinéastes en compétition ne cachent pas leur admiration pour les films de leurs concurrents directs dans la course à la palme d’or
Stéphane Leblanc

Stéphane Leblanc

L'essentiel

  • Les cinéastes en compétition ne cachent pas leur admiration pour les films de leurs concurrents.
  • Le phénomène n’est pas nouveau, mais il est devenu plus visible grâce aux réseaux sociaux.
  • Cette année, Xavier Dolan a clamé son amour du Portrait de la Jeune fille en feu de Céline Sciamma sur son compte Instagram, Pedro Almodovar a félicité Terrence Malick à l’issue de la projection d'Une vie cachée, Quentin Tarantino applaudit à tout rompre à la fin du Lac aux oies sauvages, le film de gangsters du Chinois Diao Yinan.

De notre envoyé spécial à Cannes,

Xavier Dolan aurait-il les mêmes goûts que 20 Minutes au Festival de Cannes ? Toujours est-il qu’il a vu, et apprécié, le film de Céline Sciamma, en lice pour la Palme d’or, comme le sien. Mais plutôt que de rester sur la réserve qu’impose le fait d’être opposé dans cette compétition, le cinéaste québécois a préféré exprimer tout le bien qu’il en pensait dans un post Instagram aussi détaillé qu’élogieux.

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«Le Portrait de la Jeune fille en feu de Céline Sciamma est une splendeur, écrit-il. J’ai aimé le film pour toutes ses qualités immédiates, mais ce qui m’a remué au plus profond de moi-même est le secret, le mystère qui habillait chaque silence, chaque battement de cils ! Et je dois dire tout le soulagement, l’intimité que j’ai ressentis à observer des femmes, juste des femmes, pendant pratiquement deux heures. C’était une nouveauté, et j’en veux davantage. J’ai éprouvé un grand confort à ne pas être en présence des hommes, tant d’un point de vue romantique et psychologique, même. Merci à Céline et les artistes merveilleux avec qui elle a pu fabriquer cet immense film. Il me tarde de le revoir, et au plus vite. »

« « On ne se connaît pas, il n’était pas obligé. Ce que Xavier Dolan a fait, c’est cadeau » (Céline Sciamma) »


Interrogée lors du dîner que le cinéaste français Bertrand Bonello et le chef Dominique Le Stang organisaient mardi soir sur la plage Nespresso, Céline Sciamma a confié à 20 Minutes avoir été très touchée par cette déclaration. « On ne se connaît absolument pas, il n’était pas obligé. Ce que Xavier Dolan a fait, c’est gratuit, c’est cadeau. Cela fait très plaisir de voir qu’il y a du respect, de la solidarité et de l’admiration entre les cinéastes à Cannes et qu’on n’est pas juste là pour se disputer la Palme d’or. »

Tarantino, fan du Chinois Diao

De la même façon, on a vu dimanche soir Pedro Almodovar serrer la main de Terrence Malick à la fin de la projection de son film Une vie cachée. Et déjà, samedi, Quentin Tarantino avait applaudi à tout rompre à la fin du Lac aux oies sauvages, le film de gangsters du Chinois Diao Yinan.

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Un phénomène nouveau ? « Pas du tout, assure la critique ciné de 20 Minutes, Caroline Vié. Ces élans d’admiration existent depuis toujours, ils sont simplement davantage mis en avant par les réseaux sociaux, mais les cinéastes ont toujours été curieux de venir découvrir le travail de leurs confrères. » Ou de venir les écouter : lors de la masterclass de John Carpenter à la Quinzaine des réalisateurs, un autre maître de l’horreur s’était glissé au milieu des festivaliers : le grand réalisateur Dario Argento, lui-même.

« « C’est cette confrontation de regards sur le monde qui nourrit le nôtre » (Nuri Bilge Ceylan) »


On se souvient que l’an dernier, le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan, en compétition avec Le Poirier sauvage, avait demandé à pouvoir assister aux projections de tous les films de la compétition. « Quand on travaille, on n’a souvent pas le temps de voir des films, confiait-il alors à 20 Minutes. Or ce sont les meilleurs qui sont sélectionnés à Cannes. Il faut en profiter car c’est cette confrontation de regards sur le monde qui nourrit le nôtre. » Le film qui l’avait le plus impressionné ? « Le Livre d’image de Jean-Luc Godard​ [la future Palme d’or spéciale], un film que je serais incapable de faire moi-même. » Une confidence qui souligne à quel point, le plus souvent, ce sont ces films-là, à l’opposé des leurs, que les réalisateurs des jurys de festivals aiment glisser dans leur palmarès.