VIDEO. Festival de Cannes: «Les Misérables» détonne sur la Croisette
COMPETITION•En compétition à Cannes, « Les Misérables » de Ladj Ly provoque une déflagration similaire à celle de « La Haine » de Mathieu Kassovitz vingt-cinq ans auparavantStéphane Leblanc
L'essentiel
- Les Misérables de Ladj Ly est le premier film français en compétition.
- Le film rappelle La Haine de Mathieu Kassovitz, sauf qu'il se place du côté des policiers pour raconter une interpellation qui dégénère.
- Le film est un candidat sérieux au prix de la mise en scène, la même récompense que celle obtenue par Mathieu Kassovitz à Cannes, en 1995.
De notre envoyé spécial à Cannes, Stéphane Leblanc
Premier film français en compétition, un vrai brûlot et première déflagration sur la Croisette : choc des mondes, choc des cultures. Les Misérables, premier film du documentariste et court-métragiste Ladj Ly, raconte une interpellation policière en banlieue qui dégénère…
Les Misérables, ce ne sont pas que des cailleras ou les habitants des quartiers qui vivent dans la misère. « Ce sont aussi les flics de ces quartiers qui vivent eux-mêmes dans des conditions difficiles », nuance Ladj Ly qui estime « avoir vu ou vécu 1.000 fois » ce que le film montre. « Nous aussi, on l’a vu de nos propres yeux ou alors on nous l’a raconté », confient à 20 Minutes les jeunes acteurs du film, qui se prélassent sur la plage en attendant la montée des marches.
« Un cri d’alerte »
Si le film fonctionne si bien, ce n’est pas seulement pour le réalisme des situations, mais parce qu’il a la bonne idée d’embarquer dans l’aventure un flic candide, nouveau venu auquel il est facile de s’identifier et de traiter son sujet sans cliché, ni manichéisme outrancier. « Quitte à donner parfois le beau rôle aux filles, ce qu’elles ont dans la réalité et qu’on oublie trop souvent dans cet univers très masculin où tout se joue sur des rapports de force », note Ladj Ly. Ce qui ne l'empêche pas, dans le film, de mettre le feu à la poudrière sur laquelle la banlieue est assise « depuis trente ou quarante ans », comme Mathieu Kassovitz l’avait fait avant lui avec La Haine, il y a vingt-cinq ans. Il en était reparti avec un prix de la Mise en scène. La même récompense irait bien à ces Misérables…
Notre dossier sur Cannes 2019
En tout cas, Ladj Ly espère que les caméras braquées sur son film lui permettront d’être entendu dans le monde entier. Et jusqu’à l’Elysée : « En banlieue, ça fait vingt ans qu’on est "gilets jaunes", qu’on n’est pas entendus et qu’on s’en prend plein la gueule. Mon film, c’est un cri d’alerte. J’aimerais que le président le voie, si ça pouvait lui faire prendre conscience des réalités de ce pays… »