RADICALA Cannes, les Dardenne face à l'insaisissable «Jeune Ahmed»

VIDEO. Festival de Cannes: Les frères Dardenne parient sur la jeunesse du «Jeune Ahmed»

RADICALDéjà deux fois palmés d'or à Cannes, les frères Dardenne vont tenter la passe de trois avec «Le Jeune Ahmed», qui traite du fondamentalisme islamique
Stéphane Leblanc

Stéphane Leblanc

L'essentiel

  • Le Jeune Ahmed des frères Dardenne traite du fondamentalisme islamique, vu et vécu par un adolescent de 13 ans.
  • Luc et Jean-Pierre Dardenne expliquent à 20 Minutes pourquoi ils ont choisi un héros aussi jeune pour traiter d’un sujet aussi délicat.
  • Le Jeune Ahmed est le nouveau film des frères cinéastes belges, déjà récompensés deux fois d’une palme d’or à Cannes pour Rosetta et pour L’Enfant.

De notre envoyé spécial à Cannes,

Le jeune Ahmed est le disciple d’un imam fondamentaliste, si bien qu’il refuse de serrer la main de sa prof « parce que c’est une femme » ou d’apprendre l’arabe dans des chansons, « parce que c’est dans le Coran qu’on l’apprend ». Surtout, le jeune Ahmed est insaisissable, fuyant tout ce qui heurte ses convictions ou ce qu’il juge impur, à commencer par la caméra de ceux qui l’ont imaginé, les frères Dardenne : « Oui, ce personnage est difficile à suivre, au propre comme au figuré, racontent-ils à 20 Minutes. Dans le film, il nous échappe très vite et il nous a fallu du temps pour le rattraper. »

Il n’empêche que pour c’était important, pour Luc Dardenne, que le personnage autour duquel le film gravite soit « encore quasi un enfant, un adolescent… Afin de trouver, même si ce n’est pas facile, un moyen de le faire sortir de ce fanatisme dans lequel il est embrigadé. »

« Rosetta » et « Le Jeune Ahmed », même combat ?

Les deux réalisateurs en ont vu d’autres. Que leurs héros s’appellent Sonia et Bruno comme dans L’Enfant, Palme d’or en 2005, ou Rosetta, Prix d’interprétation et Palme d’or en 1999, ils ont pour eux leur fougue et leur jeunesse, mais aussi une solitude et une forme d’immaturité qui peut les mener aux pires catastrophes.

Jean-Pierre Dardenne se défend du jeu des comparaisons : « Rosetta est obsédée par le travail et prête à laisser mourir quelqu’un pour prendre sa place. Mais elle ne pense pas que c’est bien, ce qu’elle fait… Dans le cas du jeune Ahmed, on est ailleurs : on est en présence de quelqu’un de fanatisé, convaincu d’avoir raison et d’opposer ce qu’il croit pur à ce qu’il croit impur. » Malgré la noirceur du portrait ainsi brossé et le peu d’empathie que le gamin suscite, il fallait pouvoir apporter au Jeune Ahmed une ultime lueur espoir. Sinon, ce ne serait pas un film des frères Dardenne.


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« Toute l’œuvre des frères Dardenne est empreinte d’une profonde humanité », avait souligné le jury du prix œcuménique en 2014 en primant Deux jours une nuit (avec Marion Cotillard). Cette œuvre traite des problèmes actuels dans un monde difficile, parle de survie, de réconciliation et d’espérance. Grâce à un geste, une larme, un regard, une parole, un sourire, un mur se brise, une lumière apparaît, un avenir est possible et nous y croyons. » Ce nouveau film, Le Jeune Ahmed, ne fait pas exception.