Festival de Cannes: Agnès Varda en équilibre sur le dos d'un technicien fait l'affiche de l'édition 2019
AFFICHE•Une photo très stylisée d’Agnès Varda sur le tournage de son premier film, « La Pointe courte » compose l’affiche du Festival de Cannes 2019Stéphane Leblanc
«Agnès en pleine lumière ». C’est le titre que le Festival de Cannes a donné à l’affiche de sa prochaine édition, représentant Agnès Varda en août 1954 sur le tournage de La Pointe courte, considéré comme le premier film de la Nouvelle Vague.
« Tout en haut. En équilibre. Juchée sur un technicien impassible. Accrochée à une caméra qui paraît l’absorber. Une jeune femme de 26 ans tourne son premier film dans le quartier de la Pointe Courte à Sète », détaille le festival dans un communiqué qui décrypte l’image.
« Une petite femme sur le dos d’un homme, tout un symbole », souligne de son côté le journaliste de cinéma Jean-Philippe Guerand. En effet : connaissant le caractère bien trempé de la cinéaste, on l’imagine facilement ordonner à son chef-op : « Hisse-moi là-haut que je vérifie le cadre dans l’oeilleton de la caméra ».
Passion, audace, espièglerie
« Tel un manifeste, cette photo de plateau recèle déjà tout d’Agnès Varda, note le festival : la passion, l’audace, l’espièglerie. Les ingrédients d’une recette d’artiste en liberté qu’elle enrichira sans cesse. […] Agnès Varda, l’œil posé sur la plage de Cannes, jeune et éternelle, sera le phare inspirant de la 72e édition ! »
Agnès Varda était alors photographe au TNP de Jean Vilar, et dans ces décors naturels, avec une caméra légère et des moyens dérisoires, s’apprêtait à jeter avec La Pointe courte les prémices d’un jeune cinéma, la Nouvelle vague, dont elle sera la seule réalisatrice, même si elle ne manquait jamais l’occasion de rappeler : « Je ne suis pas une femme cinéaste, je suis une cinéaste. »
Treize de ses films en Sélection officielle
Ce film, La Pointe courte, qui met en scène Silvia Monfort et Philippe Noiret qui promènent leur amour fragile dans la chaleur de l’été, parmi les pêcheurs en lutte, les femmes affairées, les jeux des enfants et les errances des chats, a été présenté l’année suivante au Festival de Cannes dans une salle de la rue d’Antibes. Une manifestation qu’Agnès Varda appréciait, elle qui présenta treize films en Sélection officielle, fut membre du Jury en 2005 et présidente du Jury de la Caméra d’or en 2013.
Lorsqu’elle reçut la Palme d’honneur, en 2015, Agnès Varda évoqua « la résistance et l’endurance, plus que l’honneur » et la dédia « à tous les cinéastes inventifs et courageux, ceux qui créent un cinéma original, de fiction ou de documentaire, qui ne sont pas dans la lumière mais qui continuent. »