VIDEO. «Shazam!»: Comment les films de super-héros DC se sont Marvel-isés
SUPER-HEROS•Après avoir tenté de développer sa propre vision des super-héros, avec le réalisateur Zack Snyder, Warner et DC ont décidé de faire comme le concurrent MarvelV. J.
«Frais, drôle, jamais-vu : Le super-héros qu’on n’attendait plus », affirme l’affiche de Shazam!, reprenant une citation du site MinuteBuzz. Le super-héros que DC Comics n’attendait plus, est-on tenté de préciser. En effet, Shazam ! est la dernière preuve, la plus éclatante, du changement de politique chez Warner et DC pour les adaptations cinéma de leurs super-héros. On peut même parler d’une Marvel-isation de leurs productions, la star de Shazam ! elle-même, Zachary Levi, parle ainsi à 20 Minutes d’un «Deadpool sans les blagues coquines».
A coups de poing et de « punchlines »
Dès Iron Man, le premier film sous l’égide de Disney et Marvel Studios, le ton est donné. Le super-héros made in Marvel sauvera le monde à la cool, à coups de poing et de punchlines. Et même à plusieurs comme l’annoncent la scène post-générique et la création des Avengers. Le Marvel Cinematic Universe (MCU) est né, et tous les films se feront sur le quasi même modèle, à la fois industriel et sériel, laissant peu ou pas de liberté à leurs réalisateurs, qu’il soit des auteurs (Kenneth Brannagh, Joe Johnston) ou des exécutants (Alan Taylor, les frères Russo). Autre salle, autre ambiance chez DC.
Avec son reboot de Superman par Zack Snyder, Warner et DC comptent bien encore capitaliser sur le succès de la trilogie The Dark Knight et son approche sombre du super-héros. Christopher Nolan est d’ailleurs lui-même producteur sur Man of Steel. Mais le film est surtout l’œuvre de son auteur-réalisateur, qui continue d’interroger le statut de super-héros après Watchmen. Superman tue ainsi Zod de ses propres mains, ce qui va à l’encontre de son image de boy-scout de l’Amérique des comics. Une trahison totale pour les uns, une prise de risque salvatrice pour les autres. Adapter, n’est-ce pas trahir ?
Trop noir, pas assez fun
Zack Snyder n’en reste pas là, et enfonce le clou avec Batman V Superman, présenté comme le combat (d'idées) du siècle puis comme L’Aube de la Justice (League), avec l’ajout d’un sous-titre et de scènes teasers pour ses futurs super-héros : Wonder Woman, Aquaman, Flash… Comme si le studio prenait conscience qu’il avait deux Avengers de retard (L’Ere d’Ultron est sorti l’année précédente) et se précipitait pour créer son propre univers cinématographique, le DC Extended Universe. Si le film est un succès, l’accueil critique fait l’effet d’une douche froide, et plutôt de se remettre en question, les exécutifs mettent tout sur le dos de Zack Snyder et sa vision. Trop noir, pas assez fun.
Faire du Marvel
En coulisses, c’est la panique, la marque DC est « abîmée », il faut réagir, faire ce qui marche auprès des fans, et donc faire comme Marvel. Suicide Squad est la première victime de ce changement brutal de stratégie, à l’instar de sa promotion, où l’on passe d’un film sombre d’antihéros à un film coloré de sales gosses… de Gardiens de la Galaxie ? Mais le point de non-retour est Justice League, que Zack Snyder imaginait à l’origine comme une fresque cauchemardesque sur deux trois films mais qu’il ne pourrait jamais mettre en images, et dont il ne restera que la scène «Knightmare» de Batman V Superman. Le cinéaste quitte en effet le projet, puis l’univers, suite à un drame familial, et est remplacé par Joss Whedon, le réalisateur… d’Avengers !
Justice League est encore aujourd’hui le film DC le moins performant au box-office. Le succès critique et public de Wonder Woman a renforcé Warner et DC dans l’idée d’abandonner son univers partagé et de se concentrer sur des histoires uniques, et le carton d'Aquaman qu’il fallait privilégier l’aventure, le spectaculaire, le fun. Shazam ! se pose ainsi là, avec son gamin qui joue les super-héros à coups de poings et de punchlines. Frais, drôle, déjà-vu ?