VIDEO. «Beaucoup d'éléments du "Dumbo" de 1941 ne passent plus en 2019», selon Tim Burton
INTERVIEW•Le réalisateur explique à « 20 Minutes » comment il a collaboré avec Disney pour moderniser « Dumbo », au cinéma ce 27 marsCaroline Vié
L'essentiel
- Tim Burton livre une version nouvelle et très personnelle de Dumbo.
- Il a enlevé du dessin animé de 1941 des éléments susceptibles d’être considérés aujourd’hui comme politiquement incorrects.
- Il a néanmoins tenu à respecter ce film magique, tant il s’identifie à l’éléphanteau volant.
Tim Burton livre une version très personnelle de Dumbo dans laquelle il s’inspire librement du dessin animé de 1941. Après Alice au Pays des merveilles, il revient chez Disney, une compagnie où il a fait ses premières armes au début des années 1980.
Tout en restant fidèle à l’original, à travers de nombreux clins d’œil au dessin animé de 1941, le réalisateur apporte de nouvelles péripéties aux aventures de l’éléphanteau aux grandes oreilles. Tim Burton s’est confié à 20 Minutes sur les raisons de ces changements.
Etait-ce pour apporter votre touche que vous avez tant changé l’histoire de Dumbo ?
Beaucoup d’éléments du Dumbo de 1941 ne passent plus en 2019. Il a donc fallu s’adapter. L’équipe de Disney et moi savions que nous étions sur la même longueur d’onde dans ce domaine. J’avais un énorme respect pour le dessin animé, l’un des plus étrange que Disney a jamais produit.
Quelles étaient les choses les plus gênantes ?
Le rapport aux animaux de cirque a beaucoup changé depuis les années 1940. Il y a des choses que nous ne pouvons plus et ne voulons plus accepter. Montrer des éléphants heureux de participer à des numéros était impossible. Faire boire de l’alcool à Dumbo, même accidentellement, était également impensable.
Cela vous a-t-il compliqué la besogne ?
Ces changements correspondaient à mes propres idées car le cirque me mettait mal à l’aise quand j’étais enfant et je détestais y voir des animaux captifs. J’étais terrifié par les clowns ! J’ai donc décidé d’insister plutôt sur le côté romantique du cirque. Le fait que cela permet à des gens peinant à trouver leur place dans la société de se constituer une famille de substitution.
N’est-ce pas ce que vous avez réellement fait pour ce film ?
Absolument. Eva Green, Danny DeVito, Michael Keaton et le compositeur Danny Elfman étaient là pour moi. J’avais ma troupe que je connais bien, même si je n’avais pas vu Michael depuis vingt ans. Contrairement à ce que j’avais fait pour Batman le retour, je lui ai confié le rôle du méchant alors que Danny DeVito, ex-Pingouin, incarne un gentil.
Etes-vous conscient du fait qu’on reconnaît votre patte dans le film ?
Evidemment. Les gens savent ce qui les attend quand ils m’engagent. Je ne sais faire que du Tim Burton. Je ne peux pas plus changer de style que Dumbo a la possibilité de couper ses oreilles. Les gens de Disney m’ont choisi parce que je connais bien leurs films et qu’ils sont persuadés que je les aime assez pour ne pas les trahir.
Quel souvenir gardez-vous de vos débuts comme animateur chez Disney ?
C’était un cauchemar : je me sentais si peu légitime que je me cachais souvent sous la table ! C’est un peu comme mes souvenirs d’enfance à Burbank dans la banlieue de Los Angeles, je n’aimerais pas les revivre car je me sentais malheureux. Mais le Tim Burton actuel n’existerait pas si je n’avais pas vécu ces expériences. C’est aussi ce que raconte Dumbo…
Etes-vous Dumbo ?
Oui ! Comme lui, je suis bizarre. Enfant, les gens me regardaient de travers car je n’arrivais pas à m’intégrer. J’étais un gamin étrange et solitaire que le dessin et l’écriture ont sauvé. La création m’a permis d’apprendre à voler et je ne suis plus jamais redescendu sur terre depuis que j’ai trouvé mes ailes.
Retravaillerez-vous avec Disney ?
Je viens d’accoucher d’un enfant à grandes oreilles. Il est beaucoup trop tôt pour que je pense à une nouvelle grossesse, ni à qui sera l’autre parent. Laissez-moi le temps de profiter de mon nouveau bébé.