VIDEO. «We the Animals»: Un film indépendant peut-il encore se faire remarquer aux Etats-Unis?
ORIGINAL•Une accroche d'actualité, un traitement original... Le cinéaste Jeremiah Zagar explique à « 20 Minutes » comment son film « We the Animals », en salle le 13 mars, est sorti du lotCaroline Vié
L'essentiel
- «We the Animals » fait partager la vie d’une fratrie de garçons malmenés par leurs parents.
- L’un d’eux, plus sensible que ses frères, tente de s’en sortir par le dessin.
- Cette œuvre forte et récompensée à Deauville séduit par l’originalité de son traitement.
Retenez bien le nom de Jeremiah Zagar. Le réalisateur de We the Animals, prix de la révélation au Festival de Deauville, possède tous les atouts pour devenir un grand cinéaste. Cette histoire d’une fratrie de trois jeunes garçons plonge dans les pages de Vie animale, roman de Justin Torres (Points) pour donner un résultat vibrant.
« Aujourd’hui, il est de plus en plus difficile de se faire remarquer dans le cinéma indépendant américain », explique Jeremiah Zagar. Son film qui mêle chronique familiale brutale et animation marque durablement tant il prend des allures de poème pour faire partager le quotidien de gamins rudoyés ou laissés à l’abandon par des parents irresponsables.
Le dessin comme échappatoire
« J’ai été bouleversé par le personnage du cadet de la fratrie, explique le cinéaste. Ce bambin d’une incroyable sensibilité découvre progressivement qu’il est attiré par les garçons mais ne trouve d’exutoire que dans le dessin. » Les créations du gamin prennent vie comme autant de feux d’artifice faisant basculer We the Animals vers le fantastique. « Mélanger du dessin animé féerique à des images réelles violentes était une façon de déstabiliser le spectateur », insiste Jeremiah Zagar.
L’Amérique de Trump sur la sellette
Tableau d’une étrange beauté de l’Amérique actuelle, We the Animals avance masqué pour dénoncer la politique de Donald Trump. « Bien sûr que le contexte actuel n’est pas étranger aux épreuves que subissent mes héros, précise le réalisateur. J’ai cherché à sortir du lot en abordant cette thématique en filigrane sans trop appuyer. » Son film prend des allures de conte cauchemardesque pour donner à réfléchir sur la réalité. Si Jeremiah Zagar continue à offrir des œuvres de la puissance de ce premier film, on lui prédit une belle carrière.