ROAD MOVIE«Long Way Home» révèle des «Invisibles» américaines

VIDEO. «Long Way Home»: Jordana Spiro veut «rendre visibles celles qu'on ne regarde jamais»

ROAD MOVIELa réalisatrice Jordana Spiro donne un coup de projecteur sur des laissées pour compte de la société américaine dans « Long Way Home » en salle le 13 février
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • «Long Way Home» suit le périple de deux jeunes sœurs vers leur père assassin.
  • La réalisatrice offre deux beaux personnages féminins.
  • Son film a été récompensé à Deauville et à Sundance.

Long Way Home (Night Comes On, en version originale) de Jordana Spiro n’a pas volé son prix du Jury au Festival de Deauville ni son Next Innovator Award au Festival de Sundance. Après Les Invisibles en France, ce périple de deux sœurs noires met en lumières celles que la société refuse de regarder.

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Pas de SDF en quête d’emploi dans ce film américain, mais des jeunes filles en déserrance. « En tant qu’actrice, je regrettais de ne me voir proposer qu’un panel limité de personnages, confie Jordana Spiro à 20 Minutes. J’ai donc décidé de me retrousser les manches et de rendre visibles celles qu’on ne voit jamais. La visibilité est une condition importante pour se sentir exister et apprendre à se respecter. » En cela, la démarche de l’Américaine répond à celle du Français Louis-Julien Petit.

Un vrai film de femmes

L’actrice Jordana Spiro signe un premier film poignant sans être misérabiliste sur des enfants confrontés à un passé douloureux. Long Way Home est vraiment un film de femmes, à l’écriture, la réalisation et l’interprétation, offrant un coup de projecteur bienvenu sur la condition féminine dans l’Amérique actuelle. Conséquence, « le film a été difficile à financer », avoue Jordana Spiro.

La forme d’un road-movie permet de mieux cerner les protagonistes. Une jeune femme lesbienne à peine majeure sortant de prison et sa petite sœur âgée de 8 ans qu’elle a récupérée dans sa famille d’accueil, sont au centre du récit. Tiraillée entre un désir de vengeance et l’envie de récréer la cellule familiale, l’aînée, incarnée avec sensibilité par Dominique Fishback, se révèle un personnage particulièrement poignant.

Le respect avant tout

« Les héroïnes ont été mises au ban de la société dès leur âge le plus tendre », explique la réalisatrice qui a fait beaucoup de recherches et s’est fait aider par des spécialistes de l’enfance en danger comme sa coscénariste Angelica Nwandu. Son film n’est pas un documentaire, « mais je tenais à rendre justice à mes personnages », insiste-t-elle.

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La question raciale n’est pas centrale, contrairement à beaucoup d’autres films mettant en scène des personnages afro-américains. Mais elle apparaît en filigrane quand le spectateur découvre que la famille d’accueil blanche de la cadette parque les enfants noirs dans un sous-sol et organise un trafic de médicaments.

« Tout ce que je montre correspond à une réalité », martèle Jordana Spiro. Les rapports entre les deux héroïnes sont décrits de façon subtile dans ce premier long-métrage qui surprend par sa maturité. « Mon but n’était pas de dénoncer le système mais de montrer des jeunes filles perdues, sans repère, comme il y en a tant. » Pari gagné : on s’attache à ses héroïnes qu’on n’est pas près d’oublier.