VIDEO. «Grâce à Dieu»: Le film de François Ozon sur l’affaire Barbarin menacé de report
POLEMIQUE•Le film est présenté vendredi à la Berlinale, et doit sortir sur les écrans le 20 février prochainV. J. avec AFP
Le réalisateur français François Ozon présente vendredi à la Berlinale Grâce à Dieu, un film sur la pédophilie dans l’Eglise qui retrace l’histoire de victimes dans l’affaire Barbarin, un scandale en pleine actualité judiciaire en France. Tourné en secret l’an dernier, Grâce à Dieu, qui a été difficile à financer, raconte la naissance de l’association de victimes « La Parole Libérée », fondée à Lyon en 2015 par d’anciens scouts abusés par un prêtre pédophile, Bernard Preynat. Au total, l’association recense près de 85 victimes de ce prêtre.
Deux procédures judiciaires en cours
Mais l’affaire a rattrapé François Ozon, puisque l'un des avocats du père Preynat l'a assigné vendredi dernier en référé. Comme l’explique Le Parisien, il accuse le film de porter atteinte à la présomption d’innocence de son client et réclame donc un report de la sortie, prévue le 20 février… Après le procès du prêtre, qui devrait se tenir fin 2019. Une audience de plaidoirie est fixée au 15 février prochain. Cette assignation, qui menace donc la sortie du film, est intervenue au lendemain de la mise en demeure du cinéaste par Régine Maire, ancienne membre du diocèse de Lyon jugée aux côtés du cardinal Barbarin, pour qu’il retire son nom du film.
François Ozon utilise seulement les prénoms des victimes mais cite nommément le cardinal Barbarin, le père Preynat et Régine Maire – dont les noms, dit-il, « étaient déjà dans la presse »-, et souligne avoir voulu faire « un film citoyen » qui « pose des questions », qui « permette un débat » et soit « d’utilité publique ».
Ni un film d’actualité, ni une charge contre l’Eglise
Avec cette « fiction basée sur des faits réels », dont la date de sortie en France « a été fixée par rapport au festival de Berlin », François Ozon, lui, explique n’avoir pas voulu « faire un film sur l’actualité », ni « à charge contre l’Eglise ». « Mon film ne se place pas sur un aspect judiciaire, il se place sur l’aspect humain et sur la souffrance des victimes », a indiqué à l’AFP le prolifique réalisateur de Swimming Pool et Huit femmes, qui a décidé de se plonger dans ce sujet alors qu’il « cherchait un sujet sur le thème de la fragilité masculine ».