Comment John Knoll est passé de Photoshop aux effets spéciaux chez George Lucas
EFFETS SPECIAUX•Invité vedette du Paris Images Digital Summit, John Knoll revient pour « 20 Minutes » sur une carrière comprenant les sagas « Star Wars » et « Pirates des Caraïbes »…Caroline Vié
L'essentiel
- John Knoll est un pilier de ILM, la firme d’effets spéciaux créée par George Lucas.
- Il a aussi écrit le scénario de « Rogue One ».
- Ce pionnier des effets spéciaux numériques reste toujours aussi passionné par son métier.
«J’ai eu un choc quand j’ai entendu des gens employer le terme photoshopper, raconte le maître des effets spéciaux John Knoll à 20 Minutes. L’application que j’avais créée avec mon frère dans les années 1980 était si populaire qu'elle était devenue un nom commun ! »
Invité d'honneur du Paris Images Digital Summit, John Knoll a depuis marqué l’histoire du cinéma en faisant carrière chez Industrial Light & Magic, la firme d’effets spéciaux créée par George Lucas. Il explicite pour 20 Minutes les points forts de sa carrière.
Pas de Michael Jackson
C’est en 1977 que John Knoll a découvert sa vocation en voyant Star Wars : Un nouvel espoir. « Je faisais déjà des films en Super 8 quand j’étais gamin et j’ai eu l’impression que ma vie changeait d’un seul coup, avoue-t-il. Je ne comprenais tout simplement pas comment George Lucas avait réalisé certaines scènes. C’est cette interrogation qui m’a donné envie de me consacrer à ce métier. »
Le combat final où les vaisseaux spatiaux foncent dans la tranchée de l’Etoile noire lui a inoculé le virus des effets spéciaux. Il entre chez ILM en 1986 pour Captain Eo, court-métrage avec Michael Jackson pour les parcs d’attractions Disney. « Je n’étais qu’une petite main, dit-il. Je n’ai même pas croisé Michael Jackson, ni le réalisateur Francis Ford Coppola. »
Au générique de Star Wars
Il lui faudra attendre 1999 pour devenir partie prenante de la saga Star Wars en participant à la nouvelle trilogie de George Lucas. « J’étais pétrifié de trac à l’idée de travailler directement avec lui, se souvient-il. Nous avions plus de 2000 effets à réaliser pour La Menace Fantôme et George avait une vision très précise de ce qu’il voulait. »
L’histoire s’est bien terminée pour John Knoll qui a signé le scénario de Rogue One en 2014. « Je suis toujours aussi ému à chaque fois que je vois mon nom au générique d’un Star Wars !, reconnait-il. Je suis resté un fan de cet univers qui m’a tant apporté et auquel je suis honoré d’avoir apporté ma contribution. »
Un vrai faux pirate des Caraïbes
Sur les Pirates des Caraïbes, inspiré d’une attraction des parcs Disney, John Knoll est surtout fier de la création de Davy Jones, personnage en images de synthèse. « Aujourd’hui, la capture de mouvements n’impressionne plus personne, admet-il. Mais faire passer les expressions de Bill Nighy dans ce calamar humain nous en a fait baver. Personne ne croyait à ce projet quand il a commencé. Mes proches pensaient que c’était une punition que d’avoir à y collaborer et ça a été un carton ! »
Là encore, Knoll a fait partie des pionniers. « Rien n’est plus gratifiant que de voir des gens réutiliser vos locigiels pour créer quelque chose de nouveau ».
L’humain avant la machine
A 56 ans, John Knoll travaille avec autant de passion sur Jungle Cruise, film d’aventure inspiré d’une autre attraction Disney avec Dwayne Jonhson en vedette, dont la sortie est prévue en 2020. « Quand je suis arrivé chez ILM, j’ai été étonné de voir à quel point on travaillait de façon empirique se souvient-il. George Lucas a toujours estimé que l’humain devait passer avant la machine. »
John Knoll aussi en est convaincu: « Les ordinateurs les plus performants ne remplaceront jamais l’œil d’un artiste. »