INTERVIEWOn a rencontré John Carpenter, le compositeur, pas le réalisateur de films

John Carpenter en concert à Pleyel: «J'ai fait la musique de mes films, car je n'avais pas le budget pour un vrai compositeur»

INTERVIEWLa légende du cinéma de genre est de retour derrière non pas la caméra mais son clavier, pour un concert jeudi à Paris et la musique du nouvel « Halloween » le 24 octobre en salle…
Vincent Jule

Propos recueillis par Vincent Jule

The Horror Master. C’est le pseudo qu’il s’est choisi sur Twitter. Et il ne l’a pas volé. En quarante ans de carrière, le cinéaste John Carpenter a marqué le cinéma de genre de chefs-d’œuvre comme Halloween, New York 1997, Invasion Los Angeles, Prince des ténèbres, L’Antre de la folie… et autant de bandes originales. Il a en effet la particularité d’être également le compositeur de presque tous ses films, exception faite de The Thing, Starman, L’homme invisible et The Ward.

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Prévu pour le 24 octobre dans les salles, le nouvel Halloween marque le retour de la saga pour un onzième film, et suite directe de l’original, mais aussi celui de Jamie Lee Curtis à l’écran et de John Carpenter derrière… son synthétiseur. Big John fait ces dernières années plus parler de lui comme musicien que comme réalisateur, avec les albums Lost Themes, le best of Anthology, et des concerts, comme jeudi à la salle Pleyel à Paris. Il était encore chez lui à Los Angeles lorsqu’il a décroché son téléphone pour 20 Minutes, et oui, on a hésité à lâcher un petit «C'est quoi ton film d'horreur préféré?».

Vous avez composé la musique de la majorité de vos films, les deux vont forcément de pair pour vous ?

Au contraire, je sépare vraiment les deux. D’abord la réalisation, ensuite la musique, une fois le film terminé et monté. Devenir compositeur n’a jamais été une volonté chez moi, mais s’est imposé comme une nécessité. Je n’avais pas de budget pour embaucher un vrai compositeur, mais mes films avaient quand même besoin de musique, donc je l’ai fait moi-même (rires). Par exemple, quand je tournais la scène d’ouverture de Halloween, je n’avais pas du tout la musique, les fameuses notes de piano, en tête.

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Les compositeurs travaillent souvent d’après le script, les rushes, les échanges avec le réalisateur… mais vous ?

J’improvise beaucoup. Je regarde le film, et je joue avec mon synthétiseur et mon ordinateur, je recherche des sons. C’est un processus organique, émotionnel. J’essaie de mettre mes trips sur le clavier, de sortir de ma zone de confort. Ou pour le dire autrement, bêtement, je fais le job (rires). Pour mes albums solos, les Lost Themes, j’opère de la même manière, sauf que le film est dans ma tête.

Le synthétiseur est votre instrument de prédilection…

C’est mon instrument d’amour et de chaos, je l’adore. J’arrive surtout à en jouer, pas super bien, mais j’y arrive (rires). J’en ai essayé d’autres, mon père a tenté de m’apprendre le violon, mais le problème était que je n’avais aucun talent. Et entre nous, ce n’était pas très fun. J’ai également joué du piano, de la guitare, de la basse dans des groupes de reprises. J’avais donc une expérience en musique avant de composer, mais aucune formation, aucun diplôme. Il s’agit juste de faire semblant. C’est l’histoire de ma vie.

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Vous n’avez jamais composé pour un autre réalisateur, pourquoi ?

Parce que personne ne me l’a jamais demandé ! C’est peut-être difficile à croire, mais c’est la vérité. Les gens ont dû m’associer à un certain de style de musique, aux films d’horreur, et ont pris peur. Enfin ça, c’était avant le nouvel Halloween. Le réalisateur David Gordon Green et le scénariste Danny McBride sont venus me voir, ils étaient les premiers, et j’ai accepté tout de suite. Ils sont issus de la comédie et du drame, et apportent un regard neuf sur la saga. Moi, je pouvais revisiter ma propre musique, la moderniser, composer de nouveaux morceaux. C’était une situatoin idéale, d’autant plus que j’ai bossé dessus avec mon fils Cody. J’ai vu le film, il est très bon.

Votre vie tourne-elle aujourd’hui plus autour de la musique que du cinéma ?

Je referais peut-être un film un jour, qui sait. Il faut que les conditions soient réunies, que j’ai la bonne situation, la bonne histoire, le bon budget. Et que ce ne soit pas trop dur, car je suis vieux. Je n’aurais pas la force de refaire The Thing aujourd’hui par exemple. Ma vie se résume donc à monter un peu sur scène, je n’étais pas forcément motivé mais mon filleul m’a convaincu et je m’éclate. Mais je passe le plus clair de mon temps chez moi à regarder le basket ou à jouer aux jeux vidéo.

Que s’est-il passé à la fin des années 1990 pour que vous et d’autres maîtres de l’horreur (Joe Dante, Wes Craven…) ne tourniez plus de films ?

La première chose est que nous devenions vieux. Or, Hollywood veut toujours de la chair fraîche, de nouvelles stars, que ce soit des acteurs ou des réalisateurs. C’est le business. La deuxième chose est que l’horreur fonctionne par cycles, et c’était la fin d’un cycle. Les films d’horreur sont toujours là, mais sont plus ou moins populaires. L’époque que l’on vit est de ce point de vue formidable, Jason Blum, producteur du nouvel Halloween, a décroché un Oscar pour Get Out, et Guillermo del Toro a été sacré pour La Forme de l'eau. C’est peut-être le moment.