VIDEO. Morgan Freeman: «Hollywood met les Noirs en avant parce qu'ils rapportent de l'argent»
DEAUVILLE 2018•Morgan Freeman, comédien à la filmographie pléthorique, ne se fait aucune illusion sur l’éthique de l’industrie du cinéma…De notre envoyée spéciale à Deauville, Caroline Vié
L'essentiel
- Morgan Freeman ne se fait pas d’illusions sur les raisons de la mise en avant des Noirs par Hollywood.
- Le comédien américain explique à « 20 Minutes » pourquoi il a toujours refusé d’incarner des rôles de méchants à l’écran.
- On le reverra dans « Casse-Noisette et les quatre royaumes » le 28 novembre prochain.
Rencontrer Morgan Freeman a quelque chose d’impressionnant. Non parce que ce jeune homme de 81 printemps serait désagréable, mais parce qu’il a quand même joué dans un sacré paquet de grands films. L’hommage que lui rend le Festival de Deauville a permis de découvrir Line of Fire, une histoire de pompiers héroïques qui sortira en e-cinema le 13 septembre.
« Il est loin le temps où je touchais cinq dollars par représentation théâtrale, nous raconte le comédien. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de travailler : je ne fais que ce qui m’amuse. » Et son sourire pétillant de malice donne à penser qu’il doit s’amuser souvent. « Je veux toujours trouver de nouvelles choses à jouer, explique-t-il. C’est pour cela que je préfère le cinéma à la télévision, où l’on ne m’a jamais proposé de projets excitants. »
Tout sauf un méchant
Cet éclectisme se retrouve dans ses choix de carrière. La rue (de Jerry Schatzberg, 1997),Miss Daisy et son chauffeur (de Bruce Beresford, 1989), Les Evadés (de Frank Darabont, 1995) sont les films qu’il montrerait à un spectateur qui ne le connaît pas. « Ces trois rôles montrent différents registres de mon jeu d’acteur », explique-t-il. La seule chose qu’il refuse de faire est d’incarner un méchant. « Je ne veux pas que les gens m’identifient à un personnage négatif, reconnaît-il. J’ai eu le cœur brisé quand Henry Fonda, l’une de mes idoles, a joué un type fort peu recommandable dans Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone. » Il prend toujours autant de plaisir à son métier, mais sait aussi se ménager. « Mon secret de jouvence ? La modération que je pratique avec… modération », plaisante-t-il.
aPlus de diversité à l’écran
Morgan Freeman se félicite de voir de plus en plus d’Afro-américains et de diversité sur les écrans. « Mais il ne faut pas croire que l’industrie du cinéma le fait parce que c’est juste, explique-t-il. Hollywood met les Noirs en avant parce qu’ils rapportent de l’argent. Les financiers ont commencé à la comprendre au début des années 1970 avec la Blaxploitation. » Lui-même n’a jamais participé à ces polars sexy à la bande-son soul mettant en scène des blacks très cools. « J’en rêvais mais mon agent me l’a déconseillé. Il m’a dit d’attendre qu’Hollywood vienne me chercher et c’est ce qui est arrivé. » Son histoire d’amour avec l’Usine à rêves se poursuit avec Casse-Noisette et les quatre royaumes, production Disney dans laquelle il incarne un magicien et qui sortira le 28 novembre prochain.