L'actrice qui accuse Luc Besson de viols raconte son calvaire: «J'étais son objet, sa marionnette»
JUSTICE•La comédienne belgo-néerlandaise Sand Van Roy a déposé plainte pour viol à l'encontre du réalisateur français...B.Ch.
«Comment peuvent-ils imaginer que je mente ? » L’actrice Sand Van Roy, qui a déposé une plainte pour viol à l'encontre de Luc Besson au mois de mai 2018, a donné le récit de ce dont elle dit avoir été victime dans un entretien à France Info. Après avoir témoigné dans Mediapart, ainsi trois autres femmes s’estimant victimes d’agressions sexuelles de la part du réalisateur français, la comédienne raconte notamment la soirée du jeudi 17 mai. Egalement contacté par France info, l’avocat du réalisateur et producteur, Thierry Marembert, déclare que son client « réserve ses explications pour les enquêteurs et nie toujours les accusations portées contre lui. »
Sand Van Roy explique que Luc Besson a peu à peu exercé sur elle une « emprise professionnelle » totale faite d’humiliations, depuis leur rencontre en 2015 sur le tournage de Valérian et la cité des mille planètes. Selon son avocate, « ce n’était pas une relation affective ni amoureuse », mais « un système d’emprise » voire « un rapport père-fille » d’après Sand Van Roy qui a perdu son père en 2015. L’actrice retrace en détail les « petites touches d’humiliation diluées de manière anodine » sur sa tenue, son physique, ses fréquentations… « Il m’a demandé de quitter mon agence de mannequins, puis de comédienne, d’arrêter de faire la fête, de voir des copains (…)Luc fait comprendre que si on veut garder le rôle, il vaut mieux accepter ce qu’il t’impose. (…) J’étais son objet, sa marionnette. »
Une nuit de l’horreur
Devenue blonde pour son rôle dans Taxi 5 à la demande de Luc Besson, l'actrice explique qu’elle n’a plus eu, ensuite, l’autorisation de redevenir brune et poursuit : « Je n’avais pas le droit de parler avec une voix normale. Il fallait que je parle comme cela », avec une voix de femme enfant. Sand Van Roy décrit une « dépendance » et un sentiment de « dette » : « Tu as l’impression qu’on t’a prêté quelque chose et que tu ne l’as jamais rendu. »
Surtout elle raconte la soirée du 17 mai à l’issue de laquelle elle a porté plainte pour viol. Dans la chambre de Luc Besson à l’hôtel Bristol à Paris, qu’elle rejoint « car j’avais l’ordre de rentrer, pas parce que j’avais envie de le voir », Sand Van Roy explique avoir été violentée et que le réalisateur lui a « imposé des actes sexuels non désirés ». Les souvenirs de l’actrice sont flous : « Là, ça a dérapé, j’ai perdu conscience ». Sand Van Roy se souvient avoir reçu « un coup dans le dos sans savoir d’où il provenait » et d’être « tombée dans la salle de bains ». « Je sentais que ma vie était en danger », explique-t-elle à propos de cette « nuit horrible ».
Complément de plainte
Pour Carine Durrieu-Diebolt, « ce n’est pas une plainte programmée, ni préparée ». L'avocate de l'actrice précise aussi que contrairement à des informations parues dans la presse après sa première plainte, sa cliente n'a pas parlé de drogues aux policiers. Étant donné ses « pertes de connaissance », « la police a eu le soupçon qu’il avait peut-être mis quelque chose dans le thé », explique Sand Van Roy. Le 6 juillet dernier, la comédienne a réalisé « un complément de plainte sur d’autres faits de viol, sous emprise et contrainte morale dans un contexte professionnel », explique Carine Durrieu-Diebolt. Dans cette nouvelle plainte, Sand Van Roy parle de plusieurs relations sexuelles non consenties et « violentes » entre les mois de mars 2016 et de mai 2018.