VIDEO. « A Sicilian Ghost Story»: Comment un fait divers sordide devient une fantastique histoire d'amour
FAIT DIVERS•Les réalisateurs italiens Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, révélés avec « Salvo », expliquent comment ils ont conçu l’intrigue de leur nouveau film, l’envoûtant « A Sicilian Ghost Story »…Caroline Vié
L'essentiel
- Les réalisateurs italiens Fabio Grassadonia et Antonio Piazza se sont appuyés sur une terrible histoire vraie pour bâtir « A Sicilian Ghost Story ».
- Deux adolescents continuent à s'aimer à distance quand l'un d'eux est enlevé par la mafia.
- La nature est un personnage à part entière de ce conte qui flirte avec le fantastique.
Présenté en ouverture de la Semaine de la Critique en 2017, A Sicilian Ghost Story de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza émerge comme un diamant au cœur d’un caillou. D’un fait divers sordide, les deux réalisateurs de Salvo ont sorti une belle histoire d’amour.
Tout commence en 1993, quand Giuseppe Di Matteo, 12 ans, est kidnappé par d’anciens complices de son père mafieux. Ces derniers espèrent ainsi faire pression sur le gangster repenti pour qu’il arrête de parler à la police. 779 jours plus tard, le gamin connaît un sort funeste qui a glacé le sang de l’Italie. « Nous nous sommes demandé comment il avait vécu sa captivité et c’est de là qu’est née notre histoire comme un rejet d’une réalité abjecte », confient les cinéastes à 20 Minutes.
Ancré dans la réalité
Avant de trouver de la poésie dans leur sujet, le duo s’est documenté. « Le plus éprouvant a été de visiter certains endroits où Giuseppe a été retenu prisonnier, mais c’était indispensable pour comprendre ce qu’il a ressenti. » C’est alors qu’est né le personnage de Luna, adolescente du même âge que la victime avec laquelle il a noué une brève idylle avant d’être enlevé. Elle tient à lui au point de se perdre quand elle ne peut pas le retrouver. Il rêve d’elle pour échapper aux rigueurs de la captivité.
La nature pour témoin
« Ils sont à l’âge des certitudes absolues et du premier amour fou, expliquent les réalisateurs. Leur passion est aussi pure que puissante. » Elle peut sauver le gamin maltraité. Elle peut aussi causer la perte de la jeune fille, incapable de penser à autre chose qu’à son soupirant que tout le monde semble avoir oublié. « Le fantastique entre alors dans notre film, dans les visions qu’ils ont l’un de l’autre. » La nature s’en mêle devenant un personnage à part entière de leurs délires parallèles.
Des fantômes romantiques
« Les spectres qui hantent le film sont ceux de leurs pensées et ceux des victimes de la mafia », insistent les cinéastes. Sicilian Ghost Story les révèlent avec délicatesse. Face à des adultes brutaux ou peu compréhensifs, la jeunesse et l’amour finissent par survivre non sans que soit payé un tribut sanglant. Si l’ensemble n’est pas exempt de lenteur, le spectateur finit par se laisser séduire par ces fantômes qui ont le romantisme de la passion impossible.